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Variation altitudinale de la couleur chez S. salamandra.

Posté : 21 juil. 2012 14:58
par Neopilina
Les notes au début ça parait fastidieux, et puis un jour il y a quelque chose d'intéressant, d'inconnu, etc, qui te sautes à la figure. Exemple, sur le massif d'Esbas dés que le temps est humide, ça grouille de salamandre, à chaque rencontre, carnet, stylo, notes, description complète de l'individu, contexte, mise au propre au refuge, et puis un jour, "c'est bizarre, on dirait que plus on monte plus le noir domine" . Au moment des faits, à la fin de mon séjour je fais le bilan espèce par espèce. A propos de cette espèce je conclus mes observations par :

"Espèce la plus observée avec vipera aspis, ce qui permet de tirer quelques conclusions intéressantes. Description individu typique, taille moyenne 17 cm, large bande dorsale noire,deux bandes jaunes dorsolatérales, flancs noirs, ventre marbré de jaune et noir délavé, tâches jaunes caudales latérales, glandes parotoïdes jaunes piquées de points noirs, pattes comportant sur la face dorsale quelques tâches jaunes. Variation altudinale. Hormis les variations individuelles, je note une incontestable variation altutudinale. Plus l'altitude est élevée, plus le jaune régresse au profit du noir. Les lignes dosolatérales s'affinent, régressent en longueur, se segmentent, disparaissent de la tête, les flancs sont entièrement noirs, sur le ventre le noir domine. Pourquoi ?
Critères d'âge relevés. Hormis la taille, je peux citer la présence de tâches costales jaunes, des sillons costaux plus marqués, limites entre les deux couleurs plus diffuses.
Moeurs. Diurnes les jours de pluie ou brouillard.
Occupation maximale en forêt, au dessus de la limite supérieure de celle-ci, ensuite la densité chute, elle est absente des barres rocheuses abruptes, autrement elle est relativement ubiquiste".

Posté : 22 juil. 2012 00:44
par Pierre-Yves
Là il s'agit de Salamandra salamandra fastuosa qui est très variée au niveau des couleurs. Pour affirmer qu'une espèce change de couleur en fonction de l'altitude il faut étudier l'ensemble de sa répartition, tu ne peux pas affirmer ça juste sur un spot. Fastuosa, entre 900 et 1300m, passe du jaune presque complet au noir avec quelques taches jaunes... et ce au sein d'une même population à même altitude.
quelques liens persos:
http://www.batraciens-reptiles.com/sala ... stuosa.htm
http://www.batraciens-reptiles.com/sala ... stuosa.pdf

Tu as des images ?

Posté : 22 juil. 2012 15:28
par Neopilina
Je n'ai pas de photographies, mais des descriptions précises par écrit des individus, où l'on peut rencontrer par exemple " alt. 1650m, ...., bandes dorsolatérales jaunes fragmentées, c'est plutôt une succession de petites tâches jaunes, ....."
Mon séjour sur ce massif a duré trois mois, trop peu effectivement pour infirmer ou confirmer l'hypothèse, l'intuition. C'est seulement à cause de cela que je veux bien ôter "variation altudinale".
Effectivement, il faudrait multiplier ce genre de relevés sur plusieurs massifs de l'aire de répartition de la sous-espèce pour donner une indéniable consistance au constat expérimental, ou ne pas le retrouver. Et, si le constat se confirme, se demander pourquoi, quels intérêts y trouvent les individus.

Dans le cas de fastuosa, qui n'est pas signaler en Haute Garonne, on constate que c'est plutôt le noir qui peut à l'occasion quasiment disparaitre, et pour information, effectivement, sur le massif d'Esbas, je n'ai jamais vu un seul individu présentant autant de jaune qu'une fastuosa.

Posté : 22 juil. 2012 16:27
par Pierre-Yves
la Haute Garonne est l'aire limite est de fastuosa et ouest de terrestris. Quand à la coloration jaune ou noire... tu retrouves des individus quasi totalement jaune avec des traces de noir chez fastuosa, terrestris et gigliolii, quelque soit l'altitude.
La salamandre est un batracien nocturne qui s'autorise quelques sorties diurnes par fort taux d'humidité. Le % de noir n'a de légitimité qu'au travers du hasard génétique et n'est en aucun cas lié à l'altitude, la latitude, le substrat ou la température. La salamandre n'a donc pas besoin de se chauffer (avec plus de pigment noir) pour thermoréguler car elle ne le fait pas réellement, elle subit la température ambiante dans sa planquette.
Concernant tes critères d'âge, il n'y a que la taille qui peut faire réellement foi et là non plus, pas la coloration.

Une autre page avec quelques belles salamandres jaunes: http://www.batraciens-reptiles.com/batraciens5.htm

Posté : 22 juil. 2012 19:33
par Neopilina
C'est vrai qu'affirmer cela à partir d'observations effectuées sur une seul station, même si celle-ci a l'échelle d'un massif, était franchement prématuré. Il est bien clair que je ne dispose pas d'assez de données. Alors oublions l'hypothèse. Mais ce que j'ai vu et noté, je l'ai vu et noté. C'est l'une des bases fondamentales du métier que j'étais en train d'apprendre, et ce n'est rien de moins que le fondement de la méthode scientifique : observer, constater, supposer, infirmer ou confirmer expérimentalement, bis repetita ad nauseam.

Posté : 23 juil. 2012 00:32
par Pierre-Yves
ad nauseam, amen :smt118 tout ceci n'est de loin plus suffisant... la biochimie intervient maintenant depuis un moment... électrophorèse des protéines (dépassé) et maintenant recherche sur l'ADN pour déterminer l'espèce, la s-espèce mais aussi la datation de séparation des îles du continent par comparatif. Plus je ne saurai expliquer. Oui il existe encore quelques descriptif sur les écailles des reptiles: le nombre et la forme des labiales, supra oculaires, rostrales, temporales, pré et post oculaires, loréales (car les serpent le valent bien :smt044 ) ETC.