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Le Neusiedlersee, lac de l'est autrichien.


écoutez un fond sonore

Du 8 au 15 juin 2002, je me suis rendu au Parc National Neusiedlersee - Seewinkel, que je me propose de vous faire découvrir au travers de quelques pages sur les batraciens et reptiles, les oiseaux et les mammifères. Ce fut une semaine riche en découvertes, promenades et émotions.



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Le Neusiedlersee-Seewinkel.

Généralités

Le Neusiedlersee est le lac de steppe le plus occidental d'Europe. Il couvre une superficie de 320 km2 et se distingue par sa faible profondeur (environ 2 mètres), son fond de sédiments fins, sa légère teneur en sel et le régime des eaux. Jusqu'à sa régulation il y a un siècle, il passait, suivant les précipitations et l'évaporation, de l'assèchement complet à une surface presque doublée. Ce lac joue le rôle d'accumulateur de chaleur influençant le climat et prolongeant la période de végétation du Seewinkel (plateau à l'est, voir la carte).

La zone de roseaux du lac de Neusiedl n’a guère plus d’un siècle. Elle s’est développée rapidement jusqu’au cours des années soixante, le niveau de l’eau s’étant abaissé, par suite de la construction du canal de dérivation, et de périodes sèches; maintenant elle ne s’étend plus que vers l’intérieur des terres. Les roselières d’âge différents et les étangs limpides forment une mosaïque d’habitats. La grande aigrette et la spatule blanche se reproduisent dans la partie ancienne de ce type de végétation; des milliers d’oiseaux chanteurs habitent les 180 km2 de cette zone.

Les étangs du Seewinkel ont une teneur en sel variable et sont entourés de plantes que l’on trouve normalement sur les côtes marines. La hauteur de ces mares va de 1 mètre à la sécheresse complète. Dans les dépressions des prairies et des pâturages maigres, l’eau des précipitations se rassemble en mares minuscules ou en étangs de plusieurs hectares. Le rythme du pacage des bovins suit les alternances des périodes humides et sèches, préservant les caractéristiques du biotope que constituent ces pâturages maigres nommés "Puszta" en hongrois.

Après la première guerre mondiale, on pouvait encore voir des grands troupeaux de bovins paissant sur les prés communaux; cette forme d’élevage semi extensif était rythmé par d’anciennes traditions; cet élevage était favorable à la multiplicité des espèces et repoussait l’emprise des roseaux vers le bord des étangs et des prairies humides. Dans le Seewinkel comme ailleurs, l’intensification de l’agriculture fit reculer les pâturages au profit des champs cultivés et surtout de la vigne. Aujourd’hui, seules les pâtures maigres du parc national témoignent de ce qui existait il y a une cinquantaine d’années.

C’est en 1926 que les premiers prés et étangs ont été déclarés réserves naturelles. 1963 est une date historique marquant la définition de réserves naturelles intégrales. C’est en 1988 que fut prise, en accord avec plus de mille propriétaires de terrains et avec la population locale, la décision politique de créer un parc national de part et d’autre de la frontière austro-hongroise. La loi fut adoptée en 1992 par le Landtag du Burgenland; en 1993, le parc devient une réalité et l’année suivante, le premier d’Autriche a être reconnu par l’UICN.

La superficie du parc est de 95 km2 en Autriche et de 230 km2 en Hongrie. Cette région est au cœur des principales migrations d’oiseaux venant d’Afrique, de Scandinavie et de Sibérie.

Le nord du Burgenland et le Seewinkel en particulier ont un climat différent du reste de l’Autriche: les Alpes arrêtent les pluies, l’influence des courants atlantiques et méditerranéens est déjà très affaiblie et les précipitations annuelles sont inférieures à 600mm. Au lieu d’un maximum de pluie vers le milieu de l’année, typique pour l’Europe centrale, on observe deux ou trois périodes de fortes pluies. Avec une température moyenne de 10° et environ 61 jours d’été où la température dépasse les 25°, cette région est la plus chaude d’Autriche. Il peut y avoir des gelées d’octobre à mai, mais il y a des mois d’hiver où l’air ne descend pas au dessous de 0° et où les valeurs maximales atteignent 17°! L’effet modérateur de cette étendue d’eau sur la température se ressent à proximité immédiate du lac peu profond qui se refroidit pendant la nuit et transmet, principalement dans la direction du vent dominant (nord-ouest), chaleur et humidité au Seewinkel qui a ainsi une longue période de végétation de 250 jours ou plus. Les mois d’été sont chauds et secs ; pendant les grosses chaleurs, de nombreuses plantes connaissent une phase de repos, la croissance repartant à l’automne. L’effet conjugué des faibles précipitations, des températures élevées, de la faible hygrométrie et du vent permanent provoque une telle évaporation que l’on observe parfois en été et en automne des conditions semi-arides expliquant la présence de nombreux animaux et plantes aimant la chaleur et la sécheresse. En hiver, il y a normalement peu de neige et de brouillard ; le lac est gelé au maximum cent jours par an et encore ne gèle-t-il pas tous les ans. La rive est du lac Neusiedl est une des régions les plus ventée du continent européen. Le vent du nord-ouest est pratiquement incessant et un vent sec du sud-est souffle aussi fréquemment en rafale.


Liste des amphibiens et reptiles observés:

Espèces Nombre d'individus observés Lieu
Bufo bufo 2 Seebad, Illmitz, Lange Lacke.
Bufotes (Pseudepidalae) viridis 40 en Hongrie, 4 en Autriche (Illmitz et Apetlon). Fertöd, Fertöszéplak, Hegykö, Fertöhomok, Fertöendred, Agygosszergény.
Pelobates fuscus 3 Illmitz, Warmsee.
Hyla arborea 2, une à Illmitz, une en Hongrie. très nombreuses à certains endroits (station biologique d'Illmitz) où elles peuvent chanter par groupe de 50 individus environ. Partage son biotope parfois avec Bombina.
Bombina bombina 4 Lange lacke, récupérés au fond d'un puit.
Natrix natrix 2 Podersdorf.
Lacerta agilis 5 Podersdorf.

Liste des espèces de batraciens et reptiles présentes présentes mais non observées :

Triturus cristatus, Triturus (Lissotriton) vulgaris, Rana arvalis, Rana dalmatina, Emys orbicularis, Anguis fragilis, Lacerta vivipara, Vipera orsinii rakosiensis.

Les batraciens

Je n’ai rencontré que des anoures, ce sont effectivement ceux qui m’intéressent le plus, et je n’ai pas eu le loisir d’aller fouiller dans les fossés d’une réserve naturelle. Le niveau des mares et étangs était particulièrement bas, certains même à sec.

Le crapaud commun

détails sur la page des Anoures de Genève.
J’en ai trouvé seulement deux exemplaires, dont un au fond d’un puits au bord du Langelacke en compagnie de 4 Bombina bombina.


bufo bufo <-Bufo bufo bufo->
femelle. Illmitz.
bufo bufo

Le crapaud vert

détails sur la page batraciens 2.
Du fait de l’urbanisation des villages de la région, il est devenu assez rare. En 1968, date de mon premier voyage dans cette région d’Autriche, les écoulements de l’eau de pluie se faisaient au moyen de fossés longeant les maisons. Il était alors très commun. Mais la disparition de 80% de la surface des étangs du Seewinkel entre 1950 et 1980 a également participé à sa raréfaction actuelle. Je l’ai rencontré de manière assez abondante en Hongrie, dans tous les villages proches de la frontière, car ces villages n’ont pas été encore « asphaltés » et ont gardé leur caractères originels, mais pour combien de temps encore ?


bufo viridis bufo viridis bufo viridis
Bufotes (Pseudepidalae) viridis, 2 femelles et un mâle, Hongrie.

La rainette verte

détails sur la page batraciens 1.
Relativement commune mais difficilement observable, une grande colonie se trouve à la station de biologie d’Illmitz, où on peut entendre le vacarme des appels vocaux de plusieurs dizaines d’individus qui rivalisent en puissance avec le chant de Bombina bombina également présent sur ce site.


hyla arborea hyla arborea hyla arborea
Hyla arborea, 2 mâles de Hongrie et une femelle d'Illmitz.

La grenouille verte

présente un peu partout, surtout sur les bords du lac. Il s'agit de Pelophylax Kl. esculentus et ridibundus.

Le pélobate brun

nom scientifique: Pelobates fuscus.
nom courant: pélobate brun, Knoblauchkröte ce qui signifie, en allemand, crapaud ail car ses sécrétions venimeuses dégagent une odeur similaire à celle de l’ail.
répartition géographique: Europe centrale et de l’est, ouest de l’Asie, en voie d’extinction dans les départements du nord est de la France, disparu de Suisse et se raréfie dans la région du Neusiedlersee.
mœurs: fouisseur, crépusculaire et nocturne.
habitat: affectionne les terrains meubles, sablonneux. Vit en plaine principalement, dans les prairies, les cultures, les carrières. Le type de terrain rencontré au Neusiedlersee-Seewinkel leur convient parfaitement. Beaucoup de vignes sur terrain meuble, sablonneux et présence de sites de ponte nombreux.
dimorphisme: le mâle est généralement plus petit que la femelle (6,5cm pour l’un, 8cm pour l’autre), présence de callosités sur les doigts de mâles en période de reproduction.
chant: voir la page des chants.
nourriture: toute sorte d'insectes rampants, de vers et de limaces.
reproduction: elle a lieu en avril, l’amplexus est de type lombaire. Le cordon d’œufs est attaché aux plantes aquatiques, il peut dépasser le mètre. Les têtards sont les plus grands des anoures européens : ils atteignent la taille impressionnante de 12 à 17cm, sont brun foncés. Après la métamorphose qui a lieu en juillet-août, les jeunes crapauds mesurent environ 4 cm et sont aussi les plus grands parmi les anoures métamorphosés avec Pelobates cultripes et Alytes obstetricans.
particularités: le pélobate possède un tubercule métatarsien qui lui permet de s’enfoncer, par un mouvement des pattes arrières (palmées), assez rapidement dans le sol; il s’enfouit donc le jour et ne sort qu’au crépuscule. Il ne se rend à l’eau que pour la reproduction. Lorsqu’il est inquiété, il émet des petits cris, se gonfle et se dresse sur ses pattes.


crapaud pelobate pelobates fuscus pelobates fuscus
Pelobates fuscus, sur l'image de droite, il commence à s'enfouir.

Le sonneur à ventre rouge

nom scientifique: Bombina bombina.
nom courant: sonneur à ventre de feu ou sonneur à ventre rouge.
répartition géographique: Europe du nord et orientale. Les colonies sont localement abondantes au bord du Neusiedlersee, mais le manque de pluie a asséché la plupart des sites de ponte sur le Seewinkel, il est difficile à trouver.
mœurs: aquatique, crépusculaire et nocturne.
habitat: fossés, mares, étangs, eaux stagnantes essentiellement en plaine. Il aime les eaux claires riches en végétation.
dimorphisme: peu prononcé, chez Bombina variegata, le mâle possède une proéminence épineuse sur chaque pore de la surface dorsale.
chant: voir la page des chants, car similaire à Bombina variegata mais il m’a paru plus puissant.
nourriture: essentiellement des insectes capturés à la surface de l’eau, ou invertébrés capturés au sol lorsqu’il se rend sur la terre ferme.
reproduction: amplexus lombaire, l’accouplement a lieu d’avril à juin et parfois jusqu’en août. La ponte se compose d’une centaine d’œufs fixés isolément ou en paquets sur les plantes aquatiques ou tombant au fond de l’eau. Les têtards mesurent 5 cm et ont une coloration roussâtre ponctuée de brun.
Hiberne d’octobre à avril.
particularités: lorsqu’il est inquiété, il utilise un réflexe défensif nommé....qui consiste à se mettre sur le dos, relever ses pattes antérieures sur les yeux, les postérieures sur le dos, rendre celui-ci concave et sécréter une substance laiteuse très irritante pour les muqueuses et les yeux. Ses belles taches orangées ventrales informent le prédateur qu’il ne faut pas insister.


bombina bombina bombina bombina bombina crapaud sonneur
Bombina bombina, notez la pupille triangulaire et la position de défense montrant ses superbes couleurs.


Les reptiles

Assez difficiles à observer, et malgré la richesse des espèces présentes dans le Burgenland, je n’ai vu que Natrix natrix et Lacerta agilis.

La couleuvre à collier

détails sur la page du naturaliste 3 et les reptiles de Genève. Trouvée au milieu de rochers bordant le lac à Podersdorf et écrasée sur la route entre Apetlon et Pamhagen.

Le lézard agile

nom scientifique: Lacerta agilis.
nom courant: lézard agile ou lézard des souches.
répartition géographique: nord, ouest et centre de l’Europe jusqu’en Asie centrale. Trouvé au bord du lac à Podersdorf.
mœurs: diurne, utilise les galeries de rongeurs ou un trou qu’il creuse lui-même pour se réfugier.
habitat: biotopes secs, mais souvent à proximité de l’eau, bords des chemins forestiers, jardins, prés, au pied des buissons ou des haies.
dimorphisme: le mâle est vert sur les flancs avec le dos brun, la femelle est brune avec des ocelles blancs cerclés de noir. Voir la page des reptiles de Genève.
nourriture: tout type d’insectes.
reproduction: l’accouplement a lieu fin avril, la femelle pond de six à vingt œufs dont l’incubation dure environ 3 mois.
particularités: semble relativement abondant dans cette région.


lacerta agilis <-Jeune Lacerta agilis mâle, Podersdorf.->

Photos Pierre-Yves Vaucher
lacerta agilis


Références bibliographiques

puceGuide des amphibiens et reptiles d’Europe, de Gibert Matz et Denise Weber, aux éditions Delachaux et Niestlé, 1983.
puceBrochure du Parc National Neusiedlersee-Seewinkel.


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