Du 8 au 13 avril 2010 je suis allé avec mon fils Romain (étudiant en géologie à l'université de Genève) faire un peu de terrain dans la région
d'Avellino, sur les flancs du Vésuve et à Paestum. Pour quelles raisons nous être aventurés dans cette région? et bien chercher un peu de chaleur depuis Genève dans une région
desservie par Easyjet a été simple à choisir.
Il fallait pour Romain un peu de vulcanologie et pour moi, quelques reptiles dehors et, au début avril, le temps peut être encore frileux! Le Parc régional Partenio semblait tout à fait convenir.
Nous choisîmes cet endroit en fait au hasard car, au début de ce projet, je m'imaginais d'abord parcourir les flancs du Vésuve à la recherche de quelques crapauds verts ou de la vipère aspic (Vipera aspis hugyi). Mais arrivés sur le terrain, nous nous sommes très vite
aperçu de la densité de l'expansion urbaine et des difficultés d'accès des flancs du Vésuve hormis par les routes touristiques. e temps maussade n'a pas non plus arrangé les choses; il a fait frais,
couvert, venteux, pluvieux, mais surtout des températures n'excédent guère les 12° en plaine, alors imaginez en altitude... Le parco Partenio de 14870 hectares est pricipalement calcaire et certains sommets culminent à 1600 mètres; à cette période, il y avait encore quelques plaques
de neige sur certains sommets. Les températures à 1000 mètres étaient de l'ordre de 4° la nuit et de 9° la journée.
Les sommets principaux sont le Montevergine (1480m), le Monte Avella (1598m) et le Monte Ciesco Alto (1357m). La forêt est en majeur partie composée de hêtres (Fagus sylvatica) mais aussi des résineux et d'essences mixtes. Les ruisseaux sont torrentiels et la richesse du sol provient, malgré le calcaire, des retombées éruptives
du Vésuve. La pluviométrie dépasse les 2000mm à l'année et profite aux nombreuses espèces de plantes recensées (1140) dont le lys martagon, la camomille, une grande variété d'orchis, les
châtaigniers, les chênes et chênes verts, les frênes, érables et charmes Naples, parsemée d'arbustes bourdaine, le troène, le houx, les asperges sauvages et le millepertuis. Sur les flancs à plus basse altitude s'observent la bruyère, le myrte, les cistes, les fraise et l'euphorbe ainsi que de nombreuses espèces d'arbustes adaptés au chaud et au sec.
Nous avons eu la chance de trouver du cyclamen sauvage et des magnifiques fleurs bleues que je n'ai pu identifier. Après quelques reconnaissances de terrain et de biotopes susceptibles de receler des espèces
intéressantes telle la salamandre tachetée, nous sommes allés tous les soirs en exploration près de ruisseaux ou alors simplement en voiture dans les chemins forestiers.
La météo étant très fraîche, nous ne trouvâmes quasiment rien sauf les deux derniers jours où nous avons eu enfin la chance de trouver une seule salamandre. Des larves ont été observées dans plusieurs
ruisseaux, y compris hors de cette zone, en pleine culture de noisetiers près d'Altavilla Irpina, à 360m d'altitude. La salamandre tachetée y est décrite comme très commune par des températures plus douces.
Le lundi 12, la veille du départ, Romain et moi avions décidé de passer la journée entière dans ce parc et d'explorer les alentours d'un petit lac:
nous avons pu observer de nombreux crapauds communs (Bufo bufo) dont de nombreuses (et
exclusivement elles) femelles avaient été tuées, certainement par la main de l'homme car elles avaient toutes le mandibule inférieur cassé. Notre grande surprise fut de trouver sous un tas de gravats 4 Bufotes balearicus, 2 mâles et 2 femelles à 1000 mètres d'altitude!
Moi qui croyait que c'était un animal de plaine affectionnant les terrains meubles voir sablonneux...
Voici la liste non exhaustive de l'herpétofaune que l'on peut rencontrer au Parco Partenio: Bufo bufo, Bufotes balearicus, Rana italica, Salamandrina terdigitata, Salamandra salamandra gigliolii, Elaphe quatuorlineata, Zamenis lineatus, Coronella austriaca et Podarcis sp.
Pour les mammifères, il est possible d'observer une trentaine d'espèces dont le sanglier, la fouine, la martre, le putois, le renard, le blaireau, le loup très rarement et de manière isolée, le chat sauvage, la loutre et, pour les rongeurs, le loir, le loir muscardin, le lérot et le campagnol dont nous trouvâmes plusieurs nids sous des tôles. 110 espèces d'oiseaux fréquentent cette région dont le faucon
pèlerin, l'aigle royal, la huppe, le faucon crécerelle, la chouette hulotte et sa cousine l'effraie, le coucou, le pic vert, le pic épeichette et torcol fourmilier.
Notre tour au Vésuve nous apporta son lot de tourisme, de fraîcheur et de couverture nuageuse. Nous n'avons pas pu admirer la baie de Naples dans toute sa splendeur. Les flancs du Vésuve sont inaccessibles,
clôturés pour la plupart depuis les routes et la végétation dense rend toute prospection
difficile, sans parler du terrain volcanique, friable, instable et tranchant. Nous avons pu photographier quelques orchis et surtout de magnifiques
lupins sauvages. Seul un Podarcis sp a pu être photographié.
Notre sortie à Paestum a permis de nombreux clichés de magnifiques mâles de Podarcis siculus ansi que de magnifiques exemplaires de Papilio machaon et quelques grandes locustes.
Un seul serpent de grande taille et en fuite a pu être entendu.
Sur notre retour Avellino nous avons rencontré une seule Rana italica.