Le 23 mai, je prends donc la route depuis le Vaucluse où j'étais venu passer quelques jours chez des amis et me rends en Castille et Leon (point No 1 sur la carte) dans le petit village de Dobro, à 850 km de là, j'avais rendez-vous vers 19h à la Casa Rural "La Nogala". Je recommande vivement cette chambre d'hôtes pour sa quiétude et la qualité de son accueil. Le soir, je me rends pour souper dans le charmant village de Pesquera de Ebro au bord de l'Ebre. Le retour sur la route ne me permet que d'observer un lézard ocellé (Timon lepidus) écrasé sur la route...
Le lendemain, le ciel est partiellement couvert, je pars à la découverte de la région avec quelques points GPS en poche. Je réalise que la région est très venteuse par la présence de nombreux parcs éoliens qui se trouvent être aussi photogéniques. Je parcours ces biotopes à la recherche, entre autres, de Vipera aspis, Vipera aspisXlatastei et Vipera latastei. Les 4 journées dans la région auront eu raison de mon obstination, chercher des serpents sur des points GPS en vain par tous les temps, y compris propices, n'est pas plus fructueux en émotion que de se laisser aller à l'improviste, la découverte et le plaisir, la rencontre d'un champ d'orchidées ou l'observation du vautour fauve, Gyps fulvus, planant majestueusement au dessus de ma tête d'un air goguenard ! La région Castille et Leon est beaucoup plus sèche que la Cantabrie ou les Asturies, elle est très riche en orchidées à cette saison mais également aussi en oiseaux de toute sorte. Je n'ai jamais vu autant de cigognes (Ciconia ciconia de ma vie, tant dans les champs que sur leurs nids, parfois en véritable colonie.
J'ai tout de même eu la chance de croiser une toute jeune Vipera aspis (Xlatastei?) sur la route de Sedano et une jeune Vipera latastei cachée dans les herbes à l'abri du vent, plus haut et plus au sud .
La rencontre phare a été sans conteste un couple de lézards ocellés (Timon lepidus), le plus grand d'Europe, près de Mozuelos de Sedano: à la recherche de Vipera latastei sur un coteau venteux, je vis soudainement une grosse tache verte fuir le haut de son rocher pour s'enfiler dans un trou. L'identification en a été immédiate et je me mis à l'affût en rampant au plus près. 20 minutes d'attente et le spectacle commence, la femelle sort, suivie du mâle, extraordinaire spectacle ! La femelle m'a rapidement repéré et s'est mise à l'abri tandis que le mâle, plus confiant, prolongeait son bain de soleil me surveillant toutefois attentivement.
Les jours suivants sont consacrés à la recherche du Triturus marmoratus près de l'embalse del Ebro et de la visite de Orbaneja del Castillo.
Le 27 mai, je parcours 350 km au ralenti, prenant ma journée pour admirer les paysages que je traverse pour me rendre au Parque Natural de Somiedo (point No 2 sur la carte), fief de l'ours brun de la zone ouest. Je passe par Aguilar de Campo, Cistierna, Embalse de Luna et Pola de Somiedo que je rejoins en début de soirée.
Sitôt arrivé je pars en reconnaissance dans la Valle del Lago, il fait encore jour jusque vers 22h30, j'ai donc un peu de temps devant moi avant le souper et une sortie nocturne. Cette vallée est magnifique, fréquentée par quelques rares touristes mais surtout par quelques éleveurs extensifs de la race asturienne. Je suis soufflé par cette belle et paisible vallée et ne tarde pas à rencontre quelques observateurs sur le chemin, dotés de longues vues; je soupçonne une observation d'ours et les interroge à ce propos. Il s'agit non pas d'un ours mais d'une ourse avec son jeune de février !
Même au travers d'une longue vue, la première observation sauvage d'un ours reste un moment empreint d'émotion, et en plus de voir la relation entre la mère et son ourson a été un spectacle magnifique. Au diable la qualité et le matériel photo (qui n'était de toute façon pas adapté pour une prise de vue d'un animal à 600 mètres environ), place à l'instant présent. Le temps se fait très variable, surprenant de chaleur imminente et d'averses imprévues. Je regagne mon hôtel et je ferai une sortie nocturne (night drive) et ne trouverai que deux salamandres et un crapaud sur la route.
Le lendemain j'ai rendez vous avec le guide de Wild Watching Spain afin d'espérer une approche de l'ours plus consistante.
Durant les deux jours consacrés à l'observation de l'ours, il a plu beaucoup et ceux-ci ne souhaitaient visiblement pas s'exposer, rester en forêt à l'abri. Nous avons fait tous les spots d'observation du parc, remonté toutes les vallées, mais nous n'avons revu que la même femelle avec son petit. Le lundi, durant la pause, je retourne voir cette mère; nous sommes plusieurs observateurs, je la suis à la jumelle et soudain je la vois dévaler la pente en glissant sur ses pattes avant tel un surfer, impressionné par la vitesse. J'ai immédiatement pensé à une proie potentielle comme un chamois ou un bouquetin ou alors à son ourson en danger. Je ne le voyais plus et quelqu'un qui les suivaient constamment a vu le petit chuter d'environ 60 mètres. La mort de l'ourson a été confirmée deux jours plus tard, l'ourse errant seule.
Le dernier jour à Somiedo était baigné d'un beau soleil, j'en ai profité pour marcher les 7 kilomètres aller simple qui séparent le début de la vallée à el Lago, superbe vue, belle balade d'une journée ! j'ai pu voir une Vipera seoanei cantabrica et de nombreux Iberolacerta monticola cantabrica ainsi que diverses variétés d'anémones, d'orchis etc.
Le premier juin marque la dernière étape de mon voyage avant le retour. Je parcours 150 kilomètres dans la journée vers le point No 3, avec de nombreuses haltes dont des spots de Vipera seoanei mais sans aucun succès. J'admire le paysage, je prends mon temps, je dois rejoindre le soir le village de Taranes et l'hotel Rural Lierau dans le Parque natural de Ponga, proche des Picos de Europa. L'objectif de cette étape est de voir les salamandres du Rio Tendi, Salamandra salamandra alfredschmidti (reclassée en bernardezi récemment ?) dont la coloration caramel / bronze est particulière et aussi de me balader dans les Picos de Europa, région sublime de montagne mais beaucoup moins peuplée en ours que la zone ouest (environ 70 ours contre 200 à l'ouest des Asturies.
Sur le trajet je décide donc de m’arrêter en route le long du rio Tendi, petit vallon sombre et frais, moussu et caillouteux; je soulève quelques pierres et me voici en présence de deux individus dont une à la coloration typique, l'autre étant particulièrement jaune. Après une séance photo laborieuse (les salamandres se montrent très fuyantes et mobiles, avec peu de lumière...) je décide de regagner la chambre d'hôte où je suis accueilli chaleureusement, suivi d'un délicieux souper et d'une sortie nocturne sur route sans succès une fois de plus.
Les jours suivants je me balade le long des vallons très sinueux dont le fameux Desfiladero de Los Beyos, je visite Cangas de Onis, le sanctuaire de Covadonga et les lacs d'Enol et Ercina. Je me balade, j'écoute les crapauds accoucheurs chanter, je grimpe, je regarde les vautours passer en rase motte parfois et à d'autres prendre les courants ascendants, je cherche vaguement des vipères qui ne sortent pas, je me fatigue gentiment. Je traverse de part en part les Picos de Europa par Posada del Valdeon, Portilla de la Reina, embalse de Riano (départ pour l'observation du loup en Sierra de Riano) et retour. Quelques lézards ocellés proches de la route ont attiré mon regard.
La veille de mon départ, le temps est couvert et le crachin se fait sentir. Je flemme, me repose je me balade près du Rio Tendi et constate le nombre de salamandres écrasées sur la route. Le soir, vers 23h, je suis sur place, le temps opaque et très humide, je rencontre plus d'une trentaine de salamandres, de petite taille, dont la couleur dominante est ce caramel / bronze avec une ligne vertébrale brun foncé à noir. La séance photo s'annonce des plus laborieuse, je la gâche un peu pour céder au simple plaisir de l'observation.
Le 6 juin marque mon retour en France dans le Gard chez mes amis d'Alès (1100km) avec qui je vais partager encore de bons moments !
la carte du voyage:

La Castille et Leon, les photos:
Ophrys apifera, ophrys abeille (hybrides scolopax x apifera ?)

détails

détails

Coronelle, Coronella austriaca acutirostris


Orchis mascula

Ophrys sphegodes




Ophrys lutea


Ophrys ficalhoana





pivoine sauvage

Vipera aspis X latastei (?) juvénile




