La température excessive de ce week-end n'a pas permis un travail quantitativement intéressant (canicule, 26° à 1400m, 41° au sol vers 11h), seuls 4 exemplaires ont pu être "travaillés": identification de l'individu dans la base de données (impressionnante !!), prise du poids, taille (museau-cloaque), sexage, photos dessus et côtés de la tête (identification par les écailles et les taches), prélèvement ADN de la salive à l'aide d'un écouvillon stérile et pour finir marquage au moyen d'une peinture à l'eau qui évite une recapture hasardeuse et qui tient jusqu'à l'an prochain. Je précise que les manipulations sont limitées au strict nécessaire et que les animaux sont relâchés au point de capture exact le jour même.
Mr Jean-Pierre Baron travaille sur une récolte de données dans cette station depuis plus de 35 ans. Il vient plusieurs fois par an, a réalisé une énorme travail de fourmi, de patience et d'endurance pour la sauvegarde de cette espèce ici. C'est un personnage très sympathique et riche en enseignement qui a le don de raconter plein d'anecdotes intéressantes. Ancien enseignant en biologie, il a mené plusieurs travaux de recherche sur différentes espèces dont la cistude bourbeuse, Emys orbicularis.
La vipère d'orsini a un régime alimentaire très précis, elle ne se nourrit que d'orthoptères (sauterelles, criquets) de taille adaptée, occasionnellement des lézards et très rarement de petits rongeurs qui sont d'ailleurs peu fréquents sur son territoire. Ses principaux prédateurs hormis l'homme sont: le grand corbeau, le circaète Jean le Blanc quand il n'y a pas de touriste pour l'effrayer, le sanglier et maintenant, une nouvelle venue à cause du réchauffement climatique, la couleuvre verte et jaune, Hierophis viridiflavus.
Cette dernière est représentée uniquement par des mâles adultes et des juvéniles. Malpolon monspessulanus a également été observée par Mr Baron près du Chalet Liotard.
La principale menace est l'activité humaine: malgré le statut de protection de cette station, de nombreux promeneurs, motards, vététistes, 4X4 (!!!), pique niqueurs, viennent perturber la vie de cette petite vipère menacée et hélas aussi des photographes animaliers, aux intentions certes louables, mais qui ne se rendent pas compte des dégâts occasionnés sur une si petit animal lors de captures à répétitions.
J'en profite pour rappeler ici que toute manipulation, capture est strictement interdite, cette zone est protégée avec gardes de l'ONF et ONCFS. Les contraventions sont très chères. Seul le travail sur le terrain AVEC la présence de Jean-Pierre Baron est tolérée. Les captures à répétitions nuisent à la santé des vipères. Il est donc impératif de les photographier in situ. Les exemplaires manipulés souvent présentent des signes de stress se manifestant à moyen terme par une baisse de la fécondité et une taille plus petite induite par une dépense énergétique liée à la fuite post capture fréquente. Photographiez les animaux in situ seulement ! Merci pour eux.
Quelques liens intéressants:
http://alexandreboissinot.jimdo.com/lif ... -d-orsini/
http://www.vipere-orsini.com/fr/
quelques travaux de Jean-Pierre Baron (au format PDF):
Régime et cycles alimentaires chez la Vipère d'orsini.
Différenciation morphologique de quatre populations françaises de Vipera ursinii ursinii
Envenimations par la Vipère d’Orsini
Stratégie démographique de Vipera ursinii ursinii au Mont-Ventoux
départ à 6h d'Orange (Iphone)Jean-Pierre Baron a écrit : A LIRE !! TRES IMPORTANT !!!! APPEL EN FAVEUR DES VIPERES D'ORSINI DU VENTOUX .
Le site du Ventoux a toujours été très fréquenté par de très nombreux passionnés d'herpétologie , principalement photographes
...
Je pense qu'aujourd'hui, il est grandement nécessaire de mettre un peu de morale dans les comportements......
Notre équipe scientifique (qui suit la population depuis plus de 30 ans) ne fait que 2 courtes sessions de captures par an pour impacter au minimum le comportement des animaux.......Et nous prenons de nombreuses précautions pour limiter leur stress....
Comme nous le savons , l'espèce bénéficie d'un très fort statut de protection, malgré lequel nous observons une baisse dramatique des effectifs......
On peut affirmer qu'entre début mai et septembre , 4 ha sont arpentés par 3 photographes par semaine en moy (chacun restant en général un jour), soit une cinquantaine d'herpeto entre le 1er mai et le 1er sept,
la majorité se livrant à des MANIPULATIONS NEFASTES....
Ces photographes sont principalement français, allemands, belges, néerlandais et suisses.....
Aucun des herpétos amateurs de photo n'ont une idée de la fréquentation annuelle du site par la communauté des herpétologues......D'où l'intérêt de les mettre au courant.....
Je peux aussi préciser qu'à partir du début juin les F gestantes s'exposent plus , et sont donc plus souvent "photographiées" que les autres catégories.....
elles sont donc plus STRESSEES PAR LES CAPTURES TEMPORAIRES, avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur leur succès repro.....
Bref ... je veux FAIRE SAVOIR A LA COMMUNAUTE, que s'il n'y a AUCUN PROBLEME à prendre avec RESPECT des photos des vipères EN PLACE (sans capture).
Les CAPTURES même momentanées pour prise de vue sont EXTRÊMEMENT DOMMAGEABLES......
1) pour la population de vipères
2) Pour le travail des scientifiques
3) Je peux ajouter, bien sûr que CETTE PRATIQUE EST RIGOUREUSEMENT INTERDITE .....
J'estime que sur ce secteur de 4 ha , certains individus sont ainsi capturés 2 à 4 fois par saison (en plus de nos 2 captures annuelles) , et relâchés en pleine chaleur, ce qui augmente considérablement leur stress et provoque de longs déplacements très négatifs à tous points de vue (amaigrissement, risque plus élevé de mortalité.......).
Je peux aussi préciser qu'à partir du début juin les F gestantes s'exposent plus , et sont donc plus souvent "photographiées" que les autres catégories.....
elles sont donc plus STRESSEES PAR LES CAPTURES TEMPORAIRES, avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur leur succès repro.....
Vous conviendrez avec moi qu'il serait paradoxal que les amoureux de ces petites bêtes contribuent à leur disparition.....
La grande majorité des collègues, n'ayant pas une vision d'ensemble du problème, pensent qu'ils ont un impact faible !!!
Il est donc très important de faire savoir tout cela à la communauté des naturalistes herpeto .....
DR . JP BARON
Hierophis viridiflavus, le prédateur nouveau venu...(Iphone)
la grande sauterelle verte, Tettigonia viridissima
galle, appelée bédéguar (voir explications par Olivier en page 2)
papillons sur chardon avec bourdon pas bonbon...
xylocopes...
Le Silène (Brintesia circe) au repos
quelques portraits de la belle couleuvre verte et jaune, impossible à photographier entière tellement elle était agressive et agitée.
une des proies de Vipera ursinii
Vipera ursinii femelle adulte
Vipera ursinii juvénile
Jean-Pierre Baron au marquage d'un juvénile (Iphone)
Une partie de l'équipe présente ces jours
Une photo de Jean-Pierre Baron de l'autre vipère présente au Ventoux: Vipera aspis aspis, variété dite "la gariguette"
dont la particularité est que les mâles sont toujours de cette coloration et les femelles plus brunes.
Photo Jean-Pierre Baron (29.08.2011)