Du 5 au 16 mai 2010, Frank Deschandol et moi avons choisi le nord de l'Italie et la Croatie pour notre voyage naturaliste à tendance herpétologique. Les espèces
phares que nous avions comme objectif de photographier (sans rire) étaient Vipera ammodytes ammodytes, Salamandra atra aurorae et Salamandra atra pasubiensis. Certes toute rencontre était susceptible
de nous intéresser, y compris dans le monde végétal, et nous avons largement été récompensé malgré une météo des plus défavorable: pluie, fraîcheur, dominance des vents du nord et d'est, giboulées. En 10 jours, nous avons
eu deux jours de beau intégral ou presque. Les températures ont oscillé entre 2° et 23°, avec des moyennes d'environ 17° la journée et 10° la nuit en plaine. Tout le monde sait que les reptiles
apprécient la chaleur, et tout le monde sait que la pluie n'attire que les batraciens, sauf quand il fait trop frais. Pourtant, au moindre rayon de soleil, les animaux peuvent sortir et c'est justement à
ce moment-là qu'il faut être au bon endroit et avoir de la chance.
Au total, 35 espèces de reptiles et batraciens ont été observées et photographiées. Ces dix jours ont été riches en couleurs, tant par les fleurs que par les animaux rencontrés. D'autres rencontres moins réjouissantes, celles des témoignages d'assassinats
durant la guerre de Croatie, dans la région de Plitvice Jezera, proche de la frontière croato-bosniaque. Des endroits encore minés sont indiqués
sur des panneaux du HCR. Il est donc recommandé de se munir de cartes du HCR et également de se renseigner auprès de la population. La recherche
de batraciens et reptiles dans le centre de la Croatie, mais également des insectes et de la flore (les orchidées en mai sont en fleur) peut représenter un danger selon la région prospectée.
La biodiversité croate est riche car elle bénéficie, entre autres, d'une faible densité de la population dans les campagnes, d'une agriculture intensive quasi inexistante (des immenses prairies sauvages
avec quelques rares bovins) et surtout de quatre régions biogéographiques: à l'est la région pannonienne, au centre les régions continentale et alpine et à l'ouest, la région méditerranéenne principalement karstique.
Les grands et petits prédateurs d'Europe sont présents mais difficiles à observer (loups, ours bruns, lynx, loutres, chats sauvages etc.); la faune sous-marine n'est pas en reste et est une des plus riches d'Europe, même si la Croatie n'en fait
pas encore partie.
NB: les photos sont classées par ordre de découverte des animaux.
Carte du voyage:
légende:
1 = région Asiago-Vezzena |
2 = région Venezia-Praello |
3 = région Muzzana del Turgnano |
4 = Istrie-Vizinada |
5 = Istrie-Jelovice-Racja Vas |
6 = Krk |
7 = Ogulin |
8 = Plitvice Jezera
9 = Slunj |
10 = Zagreb
Jour 1, le 5 mai: nous partons vers 8h30, arrivée vers 15h30 après 650 km environ de voyage à Asiago, dans le Trentin, au nord de Venise. Après une brève recherche de Bed & Breakfast (beaucoup sont fermés car ce n'est pas la saison),
nous nous rendons au premier spot à Salamandra atra aurorae. Il fait 5°. Nous soulevons des pierres et encore des pierres, nous réussissons à trouver quelques orvets, une couleuvre à collier (Natrix natrix) et quelques tout petits scorpions noirs.
La nuit tombe, nous allons nous restaurer à l'Osteria all'antico Termine, nourriture locale délicieuse et accueil chaleureux, dans laquelle nous trouvons des salamandres... mais en photo!
De nuit, nous retournons à la recherche de la rare salamandre noire du Trentin, sans succès, sauf que nous sommes trempés et refroidis par 4°, une femelle de Bufo bufo spinosus nous attendait toutefois en bord de route.
Le lendemain, nouvelle recherche vite avortée car la pluie se mélange à la neige. Après une brève réflexion, nous décidons de reporter cette recherche au retour et d'aller maintenant retrouver des températures plus clémentes
près de Venise où nous allons passer notre seconde nuit.
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Bufo bufo spinosus, femelle de taille moyenne |
Jolie couleuvre à collier, Natrix natrix. |
Anguis fragilis, l'orvet fragile... |
mâle trouvé sous une pierre |
Jour 2, le 6 mai: nous quittons Asiago en cours de matinée pour nous rendre près de Venise, au lieu dit Cave del Praello, petite réserve d'étangs riche en herpétofaune. Après la recherche de B & B (à 50? et des biscottes pour le petit-déjeuner, n'importe quoi !!! mais le seul d'ouvert), nous prospectons un talus longeant un canal, exposé au sud. Le ciel est un peu couvert, la température clémente. Sur 100 mètres, nous trouvons les espèces suivantes: Hierophis viridiflavus carbonarius (5), Natrix natrix rayée (persa?), Emys orbicularis hellenica, Rana dalmatina, Pelophylax esculentus, Lissotriton vulgaris meridionalis et une écrevisse. Je trouvai le premier couple d'Hierophis et leur bondit dessus, saisissant le couple d'une main !! Le soir, nous longeons les étangs et pouvons photographier des accouplements d'Hyla intermedia et enregistrer leurs puissants appels. Au retour, vers 2h, nous entendons un Bufotes balearicus proche de notre logement. Pelophylax lessonae chante abondamment et le chant s'imbrique à celui des rainettes, formant un concert ma foi assez tapageur! Nous avons tenté de trouver le crapaud vert en circulant sur les chemins longeant les canaux, sans succès. Je le trouverai le lendemain, sous une planche à côté de la mare à canards du B & B.
Jour 3, le 7 mai: après une séance photo du crapaud vert et des tritons ponctués, Lissotriton vulgaris meridionalis et mon petit-déjeuner aux biscottes, après avoir capturé encore quelques Hierophis et une jeune cistude, nous nous dirigeons sur le spot boisé à Rana latastei à l'est de Venise, près de Muzzana Del Turgnano. Le temps est couvert, frais et pluvieux. Par chance, quelques éclaircies dans l'après-midi nous permettent de prendre en photo sans trop de mal Rana latastei, Bombina variegata, Hyla intermedia, Hierophis viridiflavus carbonarius (encore!! et un couple saisi en quelques secondes par Frank; le mâle à la main, il bondissait comme un renard qui mulotte sur la femelle en fuite dans un talus pentu et herbeux... trop drôle! et la femelle lui mordit ensuite sauvagement le pantalon !!), Lacerta bilineata, Triturus carnifex, Natrix natrix rayée, des lièvres, et une libellule naissante. Juste à côté de la petite Rana latastei se trouvait un gros longicorne, Lamia textor, de la famille des Cerambycidae. Le soir, après un pic-nic à l'orée de la forêt à latastei, en face des canaux sillonnant la plaine, nous entendons un blongios nain, Ixobrychus minutus ainsi que des chants trompeurs (ressemble à celui du crapaud vert) de courtilières mêlés à ceux d'Hyla intermedia. Un joli ballet de lucioles, Luciola lusitanica, agrémente notre soirée. Mais point de Bufotes balearicus ce soir encore...
Jour 4, le 8 mai: nous nous levons sous une pluie fraîche et battante... après un petit-déjeuner (avec du vrai pain cette fois!!!!) au ralenti, en attendant que le temps s'améliore, nous échafaudons un plan de secours, descendre plus au sud après avoir cherché encore quelques Rana latastei ce qui, avec cette pluie, ne tarda pas à se concrétiser. Les crapauds sonneurs (Bombina) chantaient discrètement mais efficacement, étonnamment aussi dans de petits canaux au milieu des cultures. En fin de matinée, nous roulons avec un peu d'espoir météorologique en poche. Nous traversons les 15 km de côte slovène (sans payer la vignette aïïïeeee) et nous commençons à prospecter en Istrie sans succès hormis une chèvre noyée et une couleuvre à collier dans le même bassin qui s'enfuit sans demander son reste. Le temps passe, la journée se termine, il est temps de nous trouver un logement. Comme la plupart des B & B sont fermés, nous rencontrons fortuitement un couple d'allemand qui vit une partie de l'année dans leur maison de Vizinada. Un grand merci à Margrit et Jochen pour leur accueil chaleureux et leur hospitalité. Ils nous indiqueront par ailleurs une carrière au-dessus d'un canal où nous serions susceptibles de trouver quelques animaux intéressants. Le soir, après un délicieux repas "chez Tony" (entrecôte aux champignons pour moi et calamars poêlés pour Frank...gloups...) nous faisons une Nième tentative de recherche de Bufotes viridis le long de la rivière Mirna, sans succès comme tous les soirs... L'après-midi, nous avons pu observer à cet endroit un groupe de faucons crécerellettes, Falco naumanni, et de faucons kobez, Falco vespertinus chassant de concert des insectes sur la route longeant cette rivière.
Jour 5, le 9 mai: après un délicieux petit-déjeuner en leur compagnie, Jochen et Margrit nous emmènent en contrebas de Vizinada. Nous longeons un petit canal où j'attrape 2 Pelophylax ridibundus qui se bombent lorsque nous les photographions, à la manière du crapaud commun ! Ensuite c'est la première prise d'un très beau mâle d'Algyroides nigropunctatus et plus tard de Podarcis siculus. J'ai raté une couleuvre qui devait être certainement une Hierophis. Nous remontons plus tard dans la carrière, engageons quelques courses poursuite envers des Lacerta bilineata mâles, très colorés. Le temps est semi couvert, chaud quand le soleil se montre. Ce temps est assez idéal pour les vipères; nous arpentons la colline mais hélas, pas de succès. Vers 14h, nous décidons de changer d'endroit et prenons la route; 500 mètres plus loin, nous voyons une jeune Elaphe quatuorlineata écrasée fraîchement sur la route puis une Zamenis longissimus. Nous nous garons et commençons nos recherches. Alors que Frank fouine au nord, je me dirige le long de la route, près d'un petit canal; plusieurs serpents rapides s'échappent dans les hautes herbes (certainement des Hierophis) et j'arrive près d'un mur de soutènement de la route qui m'inspire. Je le longe subrepticement et soudain, un magnifique mâle très contrasté de Vipera ammodytes ammodytes s'enfuit dans le mur. Ah la vaaache !! Je crie à Frank de venir, recule doucement de quelques pas et voilà une autre vipère qui tente de se cacher. Je lui bondis dessus, la saisis à mi-corps (avec mes gants bien sûr) et enfin, je l'ai. Une femelle qui venait de manger une jeune rat (elle l'a régurgité après la séance photo), pas très jolie au niveau de sa robe, mais très photogénique tout de même. J'ai essayé plusieurs fois de repérer si le mâle sortait mais que nenni, il a dû en avoir pour la journée à se remettre de ses émotions ! Séance photo ensuite avec la technique de la casserole de Frank: le serpent se réfugie sous celle-ci, s'y sent en sécurité, s'y love. Il suffit d'attendre quelques instants, d'ôter la casserole et le reptile est là, bien positionné et calme. A l'aide d'un crochet, nous positionnons la tête à plusieurs reprises sans que la vipère ne montre d'agressivité, les manipulations étant faites toujours en douceur. A la fin de la séance, Frank remonte sur la colline et je l'y vois dévaler à fond la caisse poursuivant une couleuvre, jolie Hierophis gemonensis. En rentrant chez nos hôtes, nous leur ramenons la vipère afin qu'ils puissent la contempler en toute sécurité. Elle sera relâchée le lendemain matin.
Jour 6, le 10 mai: après notre dernier petit-déjeuner chez Margrit et Jochen, nous nous dirigeons vers une grotte touristique qu'ils nous ont indiquée comme abritant le protée anguillard, batraciens urodèle cavernicole, aveugle et dépigmenté, se nourrissant de petits crustacés et vivant plusieurs dizaines d'années dans les grottes de Croatie et de Slovénie. Nous entamons la descente de cette grotte accompagnés d'un guide au sein d'un groupe, et nous pouvons photographier (dans de mauvaises conditions car le flash y est interdit) Proteus anguinus. Le temps restant maussade et notre carnet de route étant ici plus axé reptiles, nous remontons au nord de l'Istrie, près de la frontière slovène par des petites routes de montagnes, en passant près de Jelovice et faisant une halte très intéressante à Racja Vas. Au début du village, il y a une grande mare dans laquelle nous avons trouvé des centaines de jeunes Bombina variegata juste métamorphosés (de l'an passé), les traditionnels orvets, une magnifique jeune couleuvre d'Esculape, Zamenis longissimus, une grosse femelle d'Hyla arborea, un amplexus de Bombina et un couple de Lissotriton vulgaris meridionalis. En discutant avec un habitant du village dont sa maison donne sur cette mare, il nous transmet voir souvent les mâles de couleuvres se débattre en parade, il confirme la présence de poskoks (nom local de la vipère ammodytes) dans les prairies avec pierriers, ainsi que d'ours et de salamandres tachetées. Il y aurait 9 ours bruns dans les environs du village. Au milieu de l'après-midi, nous quittons ce magnifique endroit, croisons sur les bords de route un narcisse sauvage rare et solitaire, Narcissus radiiflorus, plusieurs orchidées (Orchis militaris, Orchis morio, Orchis morio alba, Orchis militaris x purpurea, Orchis purpurea, Orchis tridentata) et un splendide papillon Zerynthia polyxena polyxena et pour conclure avant Krk, un beau mâle de Lacerta bilineata, trouvé refroidi sous une grosse pierre. Nous arrivons sur Krk en début de soirée; le temps de chercher un hôtel et nous repartons pour Racja Vas chercher Salamandra salamandra salamandra que nous ne trouverons pas (200km de détour nocturne!!). Nous avons pique-niqué au milieu du village, au frais et à la pluie, et avons pu observer le ballet des petits-ducs (Otus scops) que nous attirions en imitant leur cri.
Jour 7, le 11 mai: nous sommes donc sur Krk, je ne vous décris pas la matinée...pluvieuse... Alors après avoir fait quelques courses, passé au cybercafé, nous entreprenons un peu de reconnaissance sur l'île. Une rivière à crapaud vert est repérée à Baska au sud de l'île, mais pas âme qui vive dedans, un triton, une grenouille Pelophylax sp. et un fort vent d'est. Renseignements pris auprès des habitants il y en aurait, d'après une autre personne il ne les auraient jamais vus ni entendus... Nous décidons d'y revenir le soir. En continuons notre tour de l'île, nous abordons le lac Jezero Ponikve au centre de l'île. Peu d'observations, si ce n'est des cyclamens sauvages, quelques Podarcis siculus. En soulevant des pierres (que ça à faire par ce temps) j'ai eu la grande surprise de trouver une couleuvre toute noire. Je croyais d'abord à une Hierophis noire mais, avec la placidité du comportement, l'absence de toute agressivité, l'odeur nauséabonde et le discret collier derrière la tête ne faisait aucun doute: une magnifique Natrix natrix mélanique. Un Podarcis siculus trop en manque de chaleur se laisse approcher de très près. Nous remontons sur le nord de l'île pour repérer le terrain situé entre Voz et la piste de l'aéroport. Nous trouvons quelques scorpions Euscorpius du groupe carpathicus. En début de soirée, nous allons manger à Baska en attendant que les hypothétiques Bufotes viridis sortent de leur retraite diurne. Le petit-duc, Otus scops, chante dès la tombée de la nuit. Finalement nous réussissons à trouver deux magnifiques femelles et un mâle de crapauds verts dans le quartier résidentiel tout en bord de mer. Nous faisons notre séance de photo à plat ventre devant un hôtel, sous le regard interrogateur de quelques badauds.
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Les bords du lac Ponikve, riche en reptiles |
Podarcis siculus |
Natrix natrix mélanique |
Le collier est difficile à distinguer |
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Bufotes viridis mâle |
Femelle portrait |
Femelle de Baska |
Idem |
Jour 8, le 12 mai: je me réveille vers 8h, jette un ?il par la fenêtre de mon hôtel et aperçoit un peu de ciel bleu. Je cours prendre mon petit-déjeuner et réveiller Frank qui dort dans ma voiture.
Nous partons sur les chapeaux de roue, pneus crissants et sirènes hurlantes; nous commençons par le secteur sud de la route proche de l'aéroport. RIEN, juste quelques insectes. Pourtant la température
est bonne et il s'est arrêté de pleuvoir durant la nuit. Un peu déçus, nous repassons de l'autre côté de la route direction la piste cette fois. Le terrain est difficile, beaucoup de roches karstiques sur lesquelles
il vaut mieux ne pas chuter et une végétation très dense. Hormis quelques lézards, quelques orchis, un très joli faon de daim qui, faisant complètement confiance en son camouflage reste totalement immobile à un mètre de moi, je ne trouve RIEN. Frank est allé dans une autre direction. Je suis allé jusqu'à
la piste où le terrain est nettement plus praticable et après une heure trente, je rentre bredouille. Mais que vois-je, arrivant à la voiture ? Frank avec un sac à reptiles contenant quelque chose et dans l'autre main,
un sheltopusik !!! C'est l'orvet géant des Balkans ou Pseudopus apodus. Et dans le sac... ah lalaaaa.... enfin une belle femelle portante de Vipera ammodytes ammodytes, du beau gris qui les
caractérisent sur Krk.
Et nous voilà partis pour une longue séance photo, casserole à l'appui, entrecoupée de chasse à la
Hierophis gemonensis, nombreuses dans ce secteur, ainsi que plusieurs Lacerta trilineata, jeunes et adultes, dont un
très grand exemplaire retrouvé noyé dans un abreuvoir à moutons. Vers 14h, nous relâchons tout ce petit monde et quittons Krk pour nous rendre dans le centre de la Croatie, vers Plitvice Jezera, en passant
par un spot à Iberolacerta horvathi. Après 2 heures de route, nous arrivons sur un ruine, à 1100 mètres d'altitude. Il fait frais, le soleil joue à cache-cache avec les nuages, il est 16h et nous avons
encore pas mal de route à faire pour notre destination du jour. Frank réussit à trouver un exemplaire mâle de ce lézard peu photogénique, en démontant la retraite dans laquelle il tentait de se planquer (le lézard, pas Frank!). Pendant ce temps, je compte à la pelle
les orvets que je trouve en soulevant les pierres. De très beaux orvets de grande taille. Il y a aussi de champs de ravissants myosotis qui égayent ce paysage montagnard en mal de réveil
printanier.
Nous traversons les campagnes proches de la frontière croato-bosniaque et nous constatons la désolation qui y règne encore, 19 ans après le début d'une guerre meurtrière.
Je tiens à dire que j'ai honte, en tant que "voisin", de réaliser à quel point les populations de campagne, sans défense, ont subit des atrocités de la part de l'armée ou de milices. Je ne suis pas là
pour juger l'histoire complexe de peuples souvent en conflit dans les Balkans, je voulais juste souligner qu'au 20 ème siècle, les états de l'UE et de la Suisse auraient pu déléguer une partie de leur armée afin de protéger
ces populations campagnardes. Comme par hasard, ce ne sont que les petits villages ou les maisons isolées qui ont été prises pour cible, les village plus grands ne semblent (à notre regard de voyageur) pas
avoir subit la même violence.
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Nous arrivons de nuit vers Plitvice, trouvons notre B & B, allons vite manger une pizza et retournons en forêt avec le secret espoir de trouver des salamandres sur la route. Frank, à qui rien (ou presque) n'échappe, se saisit d'un petit paon de nuit, Saturnia pavoniella, qui tourne autour d'un réverbère! En fin de soirée et après une heure à parcourir une petite route forestière, nous trouvons enfin une seule et unique femelle de Salamandra salamandra salamandra gravide. La séance photo se passe plus ou moins sous la pluie.
Jour 9, le 13 mai: au matin, je ne vous dis plus quelle est la météo. Nous nous rendons aux chutes car c'est un spectacle à ne pas manquer. Tout y est très bien organisé, y compris les parkings payants ! Par contre, c'est propre, pas un papier au sol, pas un déchet. Et le spectacle, tout simplement grandiose. Une eau turquoise, des poissons, un site merveilleux, juste un peu trop bondé pour nous. Les nuages pour une fois nous laissent un peu de répit. En début d'après-midi, nous prenons la route de Zagreb via Karlovac. Nous avons un contact à Zagreb, Neven Vrbanic, et avons un rendez-vous le lendemain vers 10h. En cours de route, je repère un muret de soutènement de voie ferrée en pierres sèches, tout contre la route. J'arrête la voiture, fais marche arrière et m'approche du site. Mon flair m'avait bien renseigné car je capture un gros mâle de vipère ammodytes. Ce serpent était en phase de mue et donc relativement agressif (la vision est mauvaise), faisant le cobra (se déplace le premier tiers dressé) et attaquant en projetant 1/3 de son corps, du jamais vu. Sur la route, de nombreux lacs, rivières, de nombreux Orchis, Ophrys et autres Cephalantères. Nous arrivons à Karlovac et début de soirée. Après le repas, une sortie nocturne nous permet de trouver en abondance des Hyla arborea, des Emys orbicularis hellenica, des têtards de Bufotes viridis (Bufo) et de la Pelophylax ridibundus (grenouille rieuse). Ce qui nous a étonné c'est la petitesse des fossés dans lesquels nous avons trouvé les tortues, avec seulement 10 cm d'eau. Les rainettes elles se contentent de peu et nos tympans en ont pris pour leur grade, le tintamarre de leurs appels vocaux était assourdissant!
Jour 10, le 14 mai: nous avions rendez-vous vers 10h30 à Zagreb avec Neven. Après avoir rencontré quelques cigognes, nous nous rendons à son domicile admirer sa collection de reptiles, tous plus dangereux les uns que les autres. Après café et discussion en tous genres, Neven nous emmène dans une carrière à l'est de Zagreb, carrière réputée pour avoir de nombreuses ammodytes. Mais le temps, toujours ce temps... beau au début puis sur place, fraîcheur et pluie. La chance m'a permis de trouver une très belle jeune vipère sous une pierre. Frank a trouvé un beau mâle de Lacerta viridis. Nous quittons Zagreb vers 13h pour retourner à Asiago via la Slovénie, en payant la vignette cette fois et bien nous en pris, car nous sommes tombés sur un contrôle à un péage. Un bon repas s'imposait après 6 heures de route et nous sommes retournés à l'Osteria all'antico Termine. Un bon feu de bois, un accueil digne de ce nom et nous voilà repartis à crapahuter en montagne, 1500 mètres, sous une pluie battante chercher Salamandra atra aurorae durant deux heures pour... ne rien trouver.
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Cette superbe jeune ammodytes |
arborait de camaieux de gris... |
...ponctués de noir... |
...et saupoudré d'un rose délicat |
Jour 11, le 15 mai: pas franchement enthousiastes, nous retournons au spot à aurorae en calculant bien l'altitude. Et enfin Frank en trouve une jeune, sous une pierre, puis une femelle adulte, puis un mâle. Pendant ce temps, je farfouillais dans une mare et ai trouvé un couple d'Ichtyosaura alpestris, quelques Rana temporaria. Nous passons le reste de la journée à visiter la région, fouiller autour d'un vieux fort et trouver un Zootoca vivipara, plus connu sous le nom de lézard vivipare, et un couple de Natrix natrix, couple de couleuvres à collier dont certaines écailles étaient bleues. La difficulté que nous avons eue pour trouver des Salamandra atra aurorae n'a fait que renforcer sa réputation de batracien le plus difficile à trouver en Europe. Il semblerait que cette espèce ne sorte quasiment jamais de ses abris rocheux, sauf pour manger et se reproduire sous certaines conditions: pluie intense durant la nuit et tôt le matin. Encore faut-il que la température leur convienne, l'endroit étant très froid en général.
Jour 12, le 16 mai: c'est le jour de la rentrée sur Genève. Le dernier objectif st de trouver le spot à Salamandra atra pasubiensis, sur le Monte Pasubio. Malgré le GPS, nous n'avons pas réussi à trouver cette prairie herbeuse et pierreuse d'altitude. Pas une vipère non plus dehors, toujours ce vent du nord, nord-est qui empêche l'activité reptilienne. J'ai seulement trouvé une jolie coronelle, Coronella austriaca. Nous quittons le Trentin vers 15h, le voyage de retour s'est effectué sans problème, juste une heure trente d'attente au tunnel du Mont Blanc.
Liste des 36 espèces de batraciens et reptiles observées
batraciens:
Bombina variegata variegata
Bufo bufo spinosus
Bufotes viridis
Bufotes balearicus
Hyla arborea
Hyla intermedia
Ichtyosaura alpestris
Lissotriton vulgaris meridionalis
Pelophylax esculentus
Pelophylax ridibundus
Proteus anguinus
Rana dalmatina
Rana latastei
Rana temporaria
Salamandra salamandra salamandra
Salamandra atra aurorae
Triturus carnifex
reptiles:
Anguis fragilis
Algyroides nigropunctatus
Coronella austriaca
Elaphe quartuorlineata
Emys orbicularis hellenica
Hierophis gemonensis
Hierophis viridiflavus carbonarius
Iberolacerta horvathi
Lacerta viridis
Lacerta bilineata
Lacerta trilineata major
Natrix natrix helvetica
Natrix natrix persa noire
Podarcis muralis muralis
Podarcis muralis maculiventris
Podarcis siculus campestris
Pseudopus apodus thracius
Vipera ammodytes ammodytes
Zamenis longissimus
Zootoca vivipara
autres:
Euscorpius italicus
E. carpathicus (groupe)
Otus scops
Bubo bubo
Dama dama
Cervus elaphus
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