Je vous présente ces reptiles de la famille des Gekkonidae et de la sous famille des Eublepharinae pour leur beauté et non dans l'objectif de vous inciter à créer des nouvelles mutations. D'excellents professionnels s'en chargent déjà. Je tiens
également à souligner l'importance de l'offre faite par des éleveurs amateurs en Europe qui pratiquent des prix tout à fait respectables et proposent des animaux de qualité.
Je profite de cette page pour présenter quelques éléments de génétique simple permettant de comprendre la mode actuelle en terrariophilie qui tend à créer de nouveaux patterns chez certaines espèces de reptiles. Cette sélection artificielle touche de plus en plus d'espèces dont les plus connues sont: Eublepharis macularius, Pantherophis guttatus, Pituophis sp. et Lampropeltis sp.
Toutefois, dans notre mère nature, il existe 5 espèces d'Eublepharis dont certaines ressemblent à s'y méprendre à ce qui est proposé dans le commerce sous des appellations très high-tech; mais qui donc en a connaissance?
Je vous propose une petite approche sommaire de la génétique, juste pour que ceux qui ne connaissent pas puissent faire la différence entre un gène dominant, récessif, etc.
La cellule :
tout organisme vivant est composé d’au moins une cellule, le plus souvent de très nombreuses, donc chacune a une fonction
spécifique. Une cellule, c’est une sorte de boîte, contenant un noyau qui baigne dans un liquide. Pour simplifier, on ne s’occupera pas de tout ce qui gravite autour du noyau.
Les chromosomes :
dans ce noyau, on trouve des chromosomes, dont le nombre varie selon l’espèce. Ils se présentent toujours par paire dans une cellule.
L’ADN :
un chromosome est en réalité constitué d’un enroulement d’une chaîne d’Acide DésoxyriboNucléique, l’ADN. C’est l’espèce de spaghetti qui se trouve dans le dessin du chromosome. Cet ADN qui contient toutes les informations génétiques qui constituent notre patrimoine génétique.
Les allèles :
les allèles sont en fait des morceaux de la chaîne d’ADN, qui servent à « coder » pour une caractéristique d’un individu vivant. Par exemple : couleur des yeux, de la peau, taille, etc. Quand on cherche à obtenir des phases chez les reptiles, on cherche en fait à isoler le bon allèle, qui code pour telle ou telle couleur.
Souvenez-vous, une cellule est composée d’un noyau qui contient 2 chromosomes de chaque. On a donc chaque fois 2 allèles qui s’expriment pour le même caractère. Sans trop entrer dans les détails, il faut savoir qu’il existe 3 types d’allèles : les allèles dominants, les récessifs, et les codominants.
Les allèles dominants sont ceux qui s’expriment en priorité. Les récessifs sont les "timides" qui ne s’expriment que si ils ne sont "entre eux". Il peut aussi y avoir une codominance, c'est-à-dire que les 2 allèles présents s’expriment conjointement.
Cette notion est très importante. Si vous n’avez pas compris, relisez cette partie avant de passer à la suite.
Les gamètes :
les gamètes contiennent la moitié du patrimoine génétique contenu dans la cellule, c'est-à-dire le même nombre de chromosomes que celui de la cellule, mais au lieu d’aller par paire, ces chromosomes sont seuls. La fusion de deux
gamètes (un mâle et un femelle), permet de recréer une cellule, c’est ce qui se passe lors d’une fécondation.
Application aux reptiles :
chez les geckos léopards, il existe 3 gènes récessifs : L’albinos, le blizzard, et le leucistique. Les autres gènes sont soit dominants, soit codominants.
Exemple pratique :
on croise un Eublepharis macularius de phase blizzard avec un autre de phase tangerine. Puisque le blizzard exprime le caractère « blizzard » et que c’est un gène récessif, il aura forcément 2 fois l’allèle codant pour la couleur blizzard. Ensuite, partons de l’hypothèse que le tangerine à 2 allèles codant pour la phase tangerine.
On obtiendra donc un croisement entre un parent [bl ;bl] et un [TA ;TA]. N.b. : Les gènes récessifs se notent toujours en minuscule, tandis que les gènes dominants se notent toujours en
majuscule.
Le tableau de croisement sera donc :
X | bl | bl |
TA | bl/TA | bl/TA |
TA | bl/TA | bl/TA |
On obtiendra dont 100% de jeunes tangerine het. Blizzard. Ils porteront le gène blizzard, mais comme il est en présence d’un autre gène dominant (Tangerine), il ne s’exprimera pas.
Ça se note toujours de la sorte : ALLÈLE DOMINANT het. ALLÈLE RÉCESSIF. L’apparence du jeune (phénotype) sera celle d’un tangerine, mais il portera le gène blizzard qui ne s’exprimera pas.
Maintenant prenons l’exemple : croisement entre 2 jeunes de l’exemple précédent :
Comme nous l’avons vu, chacun porte le gène tangerine, et le gène blizzard.
X | bl | TA |
TA | bl/TA | TA/TA |
bl | bl/bl | bl/TA |
On obtiendra donc statistiquement 25% de pur blizzard, 25% de pur tangerine, et 50% de Tangerine het. Blizzard. Le blizzard exprimera un phénotype Blizzard, puisqu’il est porteur des 2 allèles récessifs (les allèles pourront donc s’exprimer). Le tangerine s’exprimera aussi puisque ce sont deux gènes dominants. En ce qui concerne les Tangerine het. Blizzard, c’est comme dans le cas précédent. Les jeunes auront l’apparence (phénotype) d’un tangerine, mais seront porteurs du gène blizzard.