Le 25 juillet au matin, presque à l'aube pour ne pas changer, sous un brouillard épais nous quittons Ngorongoro pour nous rendre vers l'ultime et certainement la plus belle
étape de notre voyage: le parc National de Tarangire. Après un trajet assez bref d'une centaine de kilomètres et une halte repas, nous arrivons à la porte principale du parc. Une visite dans les boutiques
nous montre quelques beaux objets en ébène. Une discussion vive et anglophone d'un couple attire mon attention car j'y entends le mot "snake"; je me précipite dehors et, à la vue de ce que vis de mes yeux vu,
je sifflai, hurlai et appela ma famille et amis: une énorme vipère heurtante Bitis arietans très jaune et longue d'environ 120 cm, grosse comme mon avant bras traversait nonchalamment
le chemin dallé qui menait aux boutiques. Je me précipitai avec un bâton de fortune afin de maîtriser la bougresse qui, une fois qu'elle s'eut sentie menacée, se montra d'une vivacité telle que ce fut
bien la première fois que je n'osais pas me saisir d'un serpent. La force déployée de cet animal est impressionnante, très agressive n'hésitant pas à attaquer, souffler ou taper du museau le cou replié.
La toxicité de son venin, la taille des crochets venimeux et l'éloignement de tout centre de soins adapté incitent rigoureusement à la prudence, ce que je fis. A force de manipulation elle finit tout de même
par prendre la pose et renoncer à se défendre. Le téléobjectif est de rigueur dans ce genre de prise de vue, inutile même de songer à utiliser des gants de soudeurs pour protéger ses mains d'une quelconque morsure.
Après ces moments d'intense émotion durant lesquels j'ai fait la quête et réussi à gagner l'équivalent de 5 euros aux touristes qui regardaient (!!), nous nous sommes rendus à au lodge non sans avoir admiré
les nombreux baobabs Adansonia digitata, des damans, des éléphants saupoudrés de latérite ce qui leur confère une jolie teinte ocre. Les éléphants sont très, trop nombreux dans ce parc, il restent
toutefois un spectacle magnifique. Un des points fort de cette journée fut la découverte, au bord de la piste et dans un endroit où les feux de brousse avaient sévi (donc aucune herbe) de deux couples de lions
ayant à moitié dévoré une autruche; les mâles faisaient la sieste à un tel point qu'il a fallu sortir de la jeep pour qu'ils daignent se lever. Les lionnes quant à elles ne nous quittaient pas du regard
et se tapissaient les oreilles en avant, guettant la moindre occasion pour charger. Plus loin, l'immense marécage, zone verte au milieu des terres ocres, écrin magique où vit une multitude d'oiseaux
dont les particuliers becs ouverts, Anastomus lamelligerus de la famille des
cigognes ainsi que plusieurs espèces de martin pêcheurs. Non loin de ce marais, perchés sur un acacias, je découvre trois majestueux hiboux grands ducs de Verreaux, Bubo lacteus qui se
laissent approcher et photographier
sans sourciller. Nous arrivons au lodge en début de soirée et nous avons l'immense plaisir de contempler, depuis son
promontoire et la terrasse attenante, la rivière Tarangire, rare rivière du pays restant
en eau toute l'année. Ses méandres forment un long serpent, nous entendons différents bruits, cris, chants qui proviennent de ses rives, la vue est une des plus splendide que nous ayons vue, ce parc est le plus beau
dans la variété des paysages et des espèces rencontrées, il est aussi un des plus proches d'Arusha. En soirée, nous prenons l'apéritif sur la terrasse en surplomb, nous entendons des rugissements
et l'éternel appel des hyènes, silence dans la salle, extase, volume, fermons les yeux et laissons-nous nous imprégner:
l'ambiance de la savane au crépuscule invite à la contemplation, elle est
unique, pas trop bruyante, parfois puissante, souvent intrigante ou inquiétante.
Après une bonne nuit sous tente, nous avons la fâcheuse surprise de devoir nous doucher à l'eau froide, les éléphants étant venus faire joujou avec la tuyauterie, les aléas de la brousse !
La journée fut relativement calme, nous avons pu observer de loin un groupe de lions dans un arbre, caractéristique du parc (les lions qui grimpent aux arbres), malheureusement le léopard tant convoité
s'est montré tellement discret que nous ne l'avons pas vu. A midi nous avons pique-niqué dans une aire dominant la Tarangire, aire peuplée de magnifiques oiseaux, d'écureuils terrestres et surtout de cercopithèques
chapardeurs: quelques touristes peu méfiants en ont fait les frais, j'espérais le matériel photo mais ce ne fut qu'un pomme!! Alectos, spreos et barbicans, attirés par les reliefs de nourriture en ont oublié
toute prudence et s'approchaient de nous à moins de deux mètres, facilitant, avec notre reconnaissance, les gros plans photographiques.
Le dernier matin, nous nous levons ... avant l'aube pour faire un dernier tour aux fauves. Nous n'avons croisé qu'une lionne qui semblait se promener sans but. Le lever de soleil sur la savane et au-dessus des acacias
étais exceptionnel;
cette aube rouge, tellement inhabituelle que je l'ai prise en image et dont je n'ai réalisé sa beauté qu'une fois installée en fond d'écran sur l'ordinateur de mon fils,
était là pour nous dire au revoir.