Le 24 juillet, dans une fraîcheur matinale, nous nous levons à l'aube, pour changer...! et commençons la descente du cratère, au pas,
emmitouflés de pullovers, la température ne doit pas excéder les 8 degrés. Le fond du cratère est plus clément. Nous traversons la forêt de Lerai, composée essentiellement de grands acacias jaunes (Acacia xanthophloea), dont les éléphants sont malheureusement absents ce matin,
et notre route est interrompue durant une vingtaine de minutes par le déplacement d'un grand troupeau de gnous. Nous observons à nouveau le comportement du "guide" ou "gardien", vraisemblablement un mâle dont le manège est très explicite et, le fait que nous ayons
abordé ce comportement au Serengeti nous a permis de cibler nos observations directement ce matin là. Le troupeau venait des flancs de la caldera pour se diriger vraisemblablement vers le lac Magadi; le leader
les stimulait à traverser la piste devant nos véhicules par lesquels il ne semblaient nullement dérangés. Le soleil ne tarde pas à se lever, la fraîcheur tombe petit à petit pour laisser place à un bon
28° l'après-midi. Quelques ombrettes et ibis sacrés vaquent ça et là dans un ruisseau, un phacochère se repose dans les herbes, et enfin, le moment tant attendu, notre première hyène de près et en terrain dégagé!
Ces animaux m'ont toujours fasciné par leurs cris, symbole à mon sens des nuits africaines, par leur aspect pas franchement engageant et leur utilité dans la chaine alimentaire en tant que prédateur et nettoyeur de
la savane.
Seule elle n'est pas menaçante pour l'homme ou ses proies tels les zèbres et le gnous. En bande elle devient redoutable et n'hésite pas à s'attaquer à des proies vivantes qu'elle déchiquette vivantes, ce qui
donne un spectacle non souhaité aux âmes sensibles. Son autre force réside dans ses relations sociales car elle vit en clan très soudé et sa structure est matriarcale, à l'inverse des lions. Cet animal est nommé l'éboueur africain car elle se trouve absolument partout;
elle se terre le jour dans des fourrés, des terriers, les lits de rivières asséchés. Dès la nuit tombée elle fait entendre son ricanement ou son appel
hululant et se met en quête de cadavres et autres restes de festin de fauves, d'animaux morts, vieilles carcasses séchées comme ce fut le cas ce matin: plusieurs hyènes se disputaient une vieille peau qu'elles faisaient
tremper dans le lac afin de la ramollir! Il leur arrive parfois de chasser un lion de son repas, à leurs risques et périls, elle sont également capable de tuer un lion âgé, malade, blessé ou affaibli. Les hyènes sont dotées d'un flair et d'un
ouïe hors pair, qui leur permet de détecter un repas à plusieurs kilomètres. La hyène prend à chaque repas le risque de se faire voler son butin par les lions. Elle engloutit donc par grosses tranches des kilos
de viande à une vitesse inouïe, la laissant parfois sur le flanc et n'arrivant plus à se relever !! Le poids de la hyène avoisine les 80 kilos contre 200 pour le lion.
Plus loin, je fais arrêter les véhicules, un gros mâle de lion à crinière fournie Panthera leo se trouve au loin dans les hautes herbes,
inapprochables. En regardant avec les jumelles ce n'est pas un lion, mais au moins 4, les trois autres se prélassant au sol, nous ne voyons que
la touffe de leur queue s'agiter de temps à autre. Visiblement ils ne sont pas décidés à se mouvoir, nous continuons alors notre route et nos regards sont attirés par un
attroupement de véhicules qui, par chance, sont tombés sur trois jeunes lions qui étaient assis au bord de la piste regardant un buffle inaccessible qui paissait dans l'indifférence de leur présence.
Ces fauves tenaient plus de la peluche que du prédateur, ils restaient assis sagement à 2 mètres des voitures; il faut dire que le cratère du Ngorongoro est digne des Champs-Elysées aux heures de pointe tellement il y a de véhicules.
Le pire constat peut-être fait sur l'aire de pique-nique principale: c'est un alignement de 4X4 comme au salon de l'auto. Alors effectivement la plupart des animaux des parcs ont une grande habitude des voitures et ne se donnent même
plus la peine de tourner la tête. La circulation d'entrée et de sortie est gérée comme suit: une piste pour la descente et donc l'entrée, une piste montante pour la sortie. Lorsque nous y étions, nous avons vu
une caravane de 10 4X4 descendre dans le cratère par ... la piste de sortie! Naturellement, il s'agissait d'un hôte d'exception, Bill Clinton et sa suite !!!
Plus loin et donc forcément plus tard dans la journée, nous remontons une rivière du côté nord du lac Magadi, la piste ne s'en approchant pas trop nous choisissons de la redescendre sur l'autre rive où la piste semble plus propice à l'observation.
Bien nous en pris: première surprise, un couple de guépards que nous ne pouvons approcher de plus de 50 mètres. Après quelques clichés, nous poursuivons la piste et rencontrons un groupe de 7 lionnes qui venaient de finir
leur repas, dont l'une se déplaçait avec un morceau dans la gueule, l'autre
avait les babines rouges. La proie était invisible dans les fourrés bordant le cours d'eau. Une magnifique (et si ça existe) hyène s'aventurait là et tentait de s'approcher,
prudemment, la truffe en avant les oreilles au vent, mais son élan culinaire fut vite
interrompu par l'approche d'une des lionnes. Je me suis demandé si les lionnes n'avaient pas volé la proie aux guépards car ceux-ci
étaient tout proches et regardaient dans leur direction, par prudence aussi, l'un assis l'autre couché.
Vers 16h, nous entamons la remontée non sans avoir vu un troupeau d'hippopotames, Hippopotamus amphibius se prélasser dans la boue, quelques buffles solitaires errer par monts et par vaux. De retour au lodge, la vue qui s'offre à nous est un spectacle
inoubliable