Le 22 juillet au matin nous embarquons pour 45 minutes d'angoisse à bord de la coquille de noix qui nous ramène de l'île Lukuba à Musoma.
La traversée se fait sans encombre, très très rassuré d'être à nouveau sur la terre ferme. Nous retournons dans le Serengeti mais cette fois au camp de Mbuzi Mawe, véritable
îlot de luxe en pleine savane, camp construit discrètement autour d'un kopjes. La route qui nous y mène est goudronnée déjà sur une petite centaine de kilomètres, ce qui est rassurant et confortable.
Ce qui nous frappe d'emblée dès l'entrée du parc ce sont les nombreuses carcasses de divers ongulés (principalement des gnous), ce qui est logique car c'est une des proies favorites des lions et ils sont
en nombre. Nous approchons dans le courant de l'après-midi de la rivière Grumeti et, près d'un passage à gué, nous apercevons 5 énormes crocodiles (environ 5 mètres) qui se prélassent au bord de l'eau.
A notre approche, l'un d'eux se lève et se déplace rapidement pour se réfugier dans l'eau. Un cadavre de gnou flotte, tout proche, tel du bois mort.
Un troupeau de cette antilope essaie de franchir la rivière, il semble partagé, une partie ayant déjà passé alors que l'autre semble hésiter. Nous observons le manège d'un individu qui passe et repasse la rivière surveillant
un groupe et appelant l'autre. Il s'agirait donc d'un leader, une sorte de guide ou de surveillant. Ce comportement sera observé distinctement au Ngorongoro. Les gnous sont des animaux grégaires
et les hordes sont dirigées par un mâle: son rôle est visiblement de faire en sorte que le groupe reste ensemble et de rapatrier les individus isolés ou séparés et de ce fait, menacés
par les fauves. Il se comporte exactement comme un chien de berger, sauf qu'il n'aboie pas (quoiqu'il émette régulièrement des cris) et court moins vite! Visiblement et à juste titre, une partie de la horde
a passé la rivière et l'autre hésite. Nous ne pouvons, faute de temps, continuer à observer ce comportement que je ne connaissais pas.
Peu avant d'arriver au camp, nous croisons un élégant jabiru, tout en hauteur habillé de blanc et noir avec une touche de jaune et rouge à la base du bec. Une troupe d'impalas broutent, insouciants
dans la lumière du crépuscule. L'arrivée à Mbuzi Mawe tient presque de la magie: un camp splendide, des tentes luxueuses, un garde armé, un personnel (enfin féminin!!) accueillant et chaleureux.
Ce qui restera à jamais dans ma mémoire, c'est le rugissement du lion, à 200 mètres, en rentrant le soir dans la tente. J'ai demandé alors au garde à quelle distance il était
... il m'a répondu un "500 mètres"
pour me rassurer ... je connais la portée du rugissement, il a alors souri après... Nous n'y passerons malheureusement qu'une nuit.
Le lendemain matin nous quittons ce magnifique endroit pour nous diriger tranquillement vers le Ngorongoro, juste après qu'un gracieux oréotrague, Oreotragus oreotragus, nous ait dit au revoir. Tout de suite après avoir quitté le camp, nous croisons un couple de lion qui attendait
assis au bord de la piste un troupeau de zèbres, mais notre chauffeur ne les avait pas vu, pressé comme il l'était. Lorsque je lui ai signifié une demande d'arrêt immédiat, il a planté les freins, fait crisser
les pneus, failli un tête à queue ... les deux lions, terrorisés, se sont donc enfuis sans demander leur reste... Quelques kilomètres plus loin, un vol en cercle de vautours nous fait suspecter un repas probable
que nous découvrons par chance car la proie était dans les hautes herbes et deux hyènes s'affairaient dessus,
guettant un danger en relevant régulièrement la tête tels des périscopes. De nombreux vautours Ruppel et Oricou, Gyps rueppelli et Aegypius tracheliotus attendaient leur tour, patiemment posés sur un arbre mort. Nous nous dirigeons vers l'est du parc, nous contournons les nombreux kopjes qui ornent cette partie
du Serengeti. Par chance, nous pourrons observer un groupe de lionnes installé au sommet de l'un d'eux: il y en avait 5 dont une scrutait attentivement l'horizon et une autre était dans les hautes herbes;
un phacochère était non loin d'elle, elle semblait s'y intéresser puis fit demi tour. L'avantage avec les guides est qu'ils communiquent tous entre eux par radio, ils sont à l'écoute de la fréquence des rangers aussi.
Plus loin, c'est un rassemblement d'une vingtaine de véhicules qui attire notre attention: un léopard, goguenard et repus faisait la
sieste sur une souche, à 200 mètres de la piste... mais que de monde, circulez
il n'y a rien à voir... Peu après, une nouvelle harde de monstres d'acier pétaradants, encerclent sauvagement une lionne et ses trois lionceaux. Celle-ci, visiblement dérangée, s'éloigne, laissant sa progéniture
se réfugier au pied d'un arbuste.
La suite de la journée est tout aussi riche que le début: un couple d'antilope nagor, Redunca redunca, des damalisques, Damaliscus lunatus, des cobs, Kobus defassa,
une tortue léopard, Geochelone pardalis, au milieu de la piste de même qu'une nauséabonde péloméduse, Pelomedusa subrufa, égarée sur terre hors de son milieu aquatique...
Nous sortons du parc par la porte Naabi Hill et le plus étrange des spectacles nous est servi sur un plat: des citoyennes japonaises, portant masque anti poussière, se lavent les dents à l'eau du robinet dans les WC... ce qui est strictement déconseillé, plus que le masque anti poussière!
Nous sommes aussi passés par Olduvai, berceau de l'humanité après la découverte de Lucy en 1974. L'aspect géologique est intéressant, un petit musée paléonthologique intéressant à visiter est peuplé de rapides petits agames
que je n'ai pas encore réussi à identifier. Le soir même, nous serons à 22oo mètres, en haut du cratère du Ngorongoro... rude journée !