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Le serval, le raton laveur et le coati: mes animaux d'enfance.


D'où m'est venue cette passion, cet intérêt pour les animaux, la nature, les petites bêtes que personne n'apprécie ou qui inspirent crainte et dégoût? Combien de personnes m'ont déjà posé cette question et me la poseront encore. Je n'ai encore que quelques fragments de réponse, la suite relevant de la psychanalyse et, entre nous soit dit, je préfère dépenser mon argent ailleurs !
Elle vient principalement de mon père, naturaliste, ornithologue renommé et grand voyageur, auteur de nombreux ouvrages concernant la nature. Son premier cadeau "animalier" fut un couple de perruches avec sa cage qui m'attendait dans ma chambre le jour de mon anniversaire. J'avais alors 6 ans. Le deuxième souvenir est celui de la vipère heurtante (Bitis arietans)qu'il ramena d'Afrique, vivante, dans un étui à jumelles; elle était, hélas, destinée au Muséum d'Histoire Naturelle de Genève.
Un jour de balade, nous récupérâmes une corneille blessée qui passa quelques temps avec nous avant de s'envoler vers ses congénères. Que d'animaux attrapés, gardés quelques temps puis relâchés: chenilles, orvets, couleuvres, grenouilles et crapauds, serpents de toutes sortes, tortues bourbeuses (Emys orbicularis) ramenées de Camargue, rainettes vertes (Hyla arborea) quand elle était encore courante dans le canton de Vaud, visites de nombreuses carrières pour capturer quelques crapauds calamites (Bufo calamita) et accoucheurs (Alytes obstetricans), sans oublier de nombreuses expéditions dominicales vers le Mont De Sion et la rivière les Usses dans l'espoir d'observer des vipères aspic (Vipera aspis aspis) ou la grande et agressive couleuvre verte et jaune (Coluber viridiflavus). Tout ce petit monde, à l'époque, ne bénéficiait pas des mesures de protections actuelles.
Très jeune, vers dix ans, j'appris à manipuler les serpents venimeux: quelle ne fut pas la frayeur de ma mère lorsque je capturai ma première vipère dans le canton du Valais. Puis je me mis à l'élevage des serpents venimeux des quatre coins du monde: crotales, cobras, vipères n'avaient guère de secrets pour moi; ce qui me fascinait, ce n'est pas tant leur dangerosité, mais les coloris dont ces animaux pouvaient se parer. Je fis quelques fois les frais de leurs morsures. En bref, mon orientation se porta surtout vers la terrariophilie entre quinze et vingt ans. Puis, à force de déception, de manque de connaissance dans les soins des reptiles, j'abandonnai petit à petit mon élevage (j'eus jusqu'à cent cinquante serpents en même temps). Je gardais, parallèlement, quelques lézards et grenouilles exotiques.
J'étais également un passionné de papillons et autres insectes; nombreux furent mes amis qui se moquaient de moi alors que je parcourais les clairières des Bois de Jussy avec mon filet et mon bocal de chloroforme. Après mes randonnées je rentrais rapidement à la maison pour préparer mes captures afin de les disposer dans mes collections.
Vers la fin des années 70, alors que je visitais le zoo de Servion au dessus de Lausanne, je fus pris d'une sympathie pour des petits mammifères sud-américains, de la famille des procyonidés, les coatis (Nasua narica). Ces animaux qui s'apprivoisent très bien passent leur temps, dans la nature, à fouiller le sol avec leur long nez à la recherche d'insectes, de larves, de petits mammifères, de racines et de fruits. Ils vivent en bande hiérarchisée à la manière de certains lémuriens de Madagascar ou des suricates africains. Je fis immédiatement l'acquisition d'un couple, fis construire une cage à l'intérieur du poulailler de mes parents. Ils ne tardèrent pas à me faire des petits et j'en pris deux pour les apprivoiser. Biberons de lait pour chatons, puis, avec l'âge, un régime composé de fruits divers et de têtes de poulets. Doués d'une sacrée intelligence, les coatis sont capables de vous ouvrir un bocal de confiture en utilisant leurs mains pour faire tourner le couvercle dans le sens inverse des aiguilles d'une montre afin de déguster l'objet de leur convoitise. Ils apprirent très vite à faire leurs besoins dans une caisse et se montrèrent d'une extrême affection envers moi. La femelle, baptisée "Snappy" m'accueillait souvent en me mordillant doucement l'oreille ou en me léchant. Son autre spécialité était de fourrer son museau dans mon nez!
Par contre, lorsqu'elle mit bas à son tour, personne d'autre que moi pouvait l'approcher. Mon beau père Raoul en fit douloureusement l'expérience le jour de mon mariage avec Myriam; il se fit croquer l'index avec conviction. Snappy mourût cinq ans après et je donnai sa descendance à quelqu'un qui savait s'en occuper et qui avait la capacité de les accueillir.
Parallèlement, je fis également l'acquisition d'un jeune serval (Felis serval), jeune de trois semaines. Il vécut avec moi, fut nourri au biberon et soigné comme sa mère aurait pu le faire. Comme tous les petits félins sauvages apprivoisés, il montra un attachement exclusif pour son "maître", tolérant peu les inconnus, surtout parfumés! Il devenait alors plus nerveux, montrait les dents, pouffait et grondait. Je le baptisai "Mi", en rapport au miaulement qu'il faisait. Il me suivit lorsque je quittai la maison de famille pour m'installer en ville. Si vous aviez vu la tête des gens lorsque je le promenais! Certains vous diront, à juste titre, que j'adoptais une attitude démonstrative et provocante. Il me suivait à l'école de soins infirmiers que je fréquentait entre 81 et 84, semant la pagaille durant les cours. Mais, un jour, je pris la décision de le rapatrier dans son enclos chez mes parents: j'allais alors le voir et m'en occuper tous les jours.
Après notre mariage en 85, il nous suivit sur France. Avant l'arrivée de nos enfants, il regardait fréquemment la télévision sur nos genoux, ronronnant et prenant de temps à autres un coussin pour proie. Bon courage à celui qui se mettait en quête de le lui ôter ! Ce chenapan attrapa un faisan dans le jardin et j'eus du mal à l'en extraire de ses puissantes griffes; il faut dire que, dans sa savane natale, c'est un grand chasseur de volailles, comme les francolins sorte de pintade africaine. Le faisan s'en tira avec une grande frayeur et quelques blessures.
Rassurez-vous, ses parents et grands parents étaient nés en Suisse et mon copain était donc parfaitement légal et acclimaté.
A la naissance des enfants, il a fallu se montrer plus prudent et je construisis un vaste enclos dans le jardin. Ce "chaton" pesait tout de même 14 kilos et mesurait environ 50 centimètres à l'épaule. Il s'habitua petit à petit aux présences enfantines, était promené dans le jardin au moyen d'une longue laisse et faillit même s'octroyer le chat du voisin en guise d'apéritif, ce qui nous a permis de faire connaissance. Romain fit, sans grand mal, l'expérience d'une colère de Mi, gardant une marque au mollet due à une morsure. Un jour, il réussit à s'échapper et se promener dans le village: de nombreux appels à la mairie signalèrent la présence d'une panthère, d'un tigre etc. Intervention des pompiers et d'un employé d'un refuge pour chiens et chats. Mi fut cerné dans une cave, passa sa colère sur une paire de bottes, un pantalon et finit la journée au refuge. Je le récupérai le lendemain matin, étant absent au moment de ces péripéties, dans un état de frayeur que vous pouvez imaginer. J'eus toutes les peines du monde à le remettre dans son enclos.
Mi est mort en décembre 1996. Il est actuellement exposé dans la vitrine des petits félins du Muséum d'Histoire Naturelle de Genève.
Le serval fait partie des petits félins comme le caracal, l'ocelot, le jaguarondi, le lynx et le plus grand d'entre-eux: le puma. Il vit du sud du Sahara jusqu'en Afrique du sud et affectionne les savanes pouvant lui offrir de nombreuses cachettes. Son pelage lui permet un excellent camouflage. Il chasse à l'affût, tuant ses proies en vol d'un coup de patte. Ses ennemis sont les grands carnivores comme le lion, le léopard, la hyène et les grands rapaces.
Un autre, mais plus bref épisode de ma "carrière" animalière, a été l'adoption de jeunes ratons laveurs (Procyon lotor). Ils sont de la même famille que les coatis, se comportent de manière identique avec l'homme mais ont la faculté de trouver une faille dans leur enclos (ils ont des pattes avant très puissantes), ce qui n'a pas manqué: malheureusement, l'un d'eux s'est fait tuer par le serval car leurs enclos étaient contigus et l'autre finit dans la nature, signalé 2 ans après par un garde-chasse en France voisine. A noter qu'il fait maintenant partie de la faune française et qu'il existe une colonie dans les Vosges, provenant d'individus échappés de zoo ou d'élevages de particuliers d'Allemagne; il a également colonisé le nord de la Suisse et le pourtour du lac de Zurich. La particularité de cette espèce est de prendre dans ses mains sa nourriture et de la laver en la frottant. Ils sont également omnivores. Les procyonidés sont à proscrire en appartement étant donné leur mœurs fouisseuses.
Tous ces animaux sont actuellement légiférés et font l'objet de mesures de protection et de détention très strictes.


Serval Coati Raton laveur
"Mi", le serval. "Snappy", la femelle coati. Un de mes ratons laveurs.


Raton laveur (racoon)
 

raton laveur
Raton laveur apprivoisé photographié dans un restaurant de Guadeloupe, 1982. Raton laveur faisant la sieste au soleil, en captivité, photo Yves Tieche.

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