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Un parasite des batraciens, la lucilie bufonivore:
Lucilia bufonivora.


La lucilie bufonivore (Lucilia bufonivora) est une mouche parasite de l'ordre des diptères et de la famille des calliphoridae. Plus communément appelée "la mouche de la viande", ce diptère d'un beau vert métallisé est commun en France et dans d'autres pays d'Europe. La plupart des espèces de la famille déposent leurs œufs sur des cadavres d'animaux et participent de manière utile à leur dégradation. Ce sont des insectes hygrophiles, lucicoles, floricoles, saprophages et exceptionnellement coprophages. Les femelles sont ovipares, accidentellement vivipares dans les régions tempérées. En Europe occidentale, ces diptères recherchent les endroits frais, humides ou marécageux. Au soleil, leur vol est rapide et s'accompagnent d'un bourdonnement caractéristique. Leurs larves sont des asticots robustes à croissance rapide, normalement créophages, occasionnellement coprophages (qui se nourrit d'excréments), saprophages (qui se nourrit d'animaux en décomposition) ou parasites: c'est le parasitisme adopté par un membre de cette famille (Lucilia bufonivora) qui nous intéresse étant donné que cette mouche pond ses œufs dans les cavités nasales de certains batraciens.

Le parasitisme semble être un caractère en voie d'acquisition chez les larves de lucilies. Une seule espèce est normalement parasite des batraciens: c'est la Lucilia bufonivora. La larve produit une destruction musculaire grave, très souvent mortelle chez les amphibiens du genre Rana, Bufo, Bombina et Pelobates. Les autres espèces de lucilies deviennent facilement parasites si les circonstances sont favorables: les femelles déposent leurs œufs de préférence sur les hôtes malades ou blessés. La Lucilia caesar a été observée sur le hérisson (Erinaceus europaeus); la Lucilia illustris peut être un parasite secondaire des oiseaux déjà affaiblis par des attaques de Protocalliphora azurea. Les vers de Lucilia sericata infestent souvent les plaies de l'homme ou des animaux dans les pays chauds. Les dégâts produits par ces larves sont parfois très graves et peuvent amener la mort; cette espèce est signalée comme fréquente par les éleveurs aux Pays-Bas, où elle produit chez le mouton des blessures cutanées qui ne doivent pas être négligées. La femelle dépose ses œufs sur les régions où la peau est très fine surtout près de l'anus et les larves, après l'éclosion, percent la peau et cheminent jusqu'à la croupe. En Australie, cette mouche provoque la perte de plusieurs millions de moutons chaque année. C'est une variété américaine de Lucilia sericata qui est utilisée en chirurgie pour le traitement de certaines plaies; ce sont les suppurations osseuses dans les ostéomyélites chroniques qui ont été "soignées" avec un certain succès par les asticots de ce diptère. Le processus est identique chez Lucilia bufonivora en ce qui concerne les batraciens: les œufs sont pondus dans les cavités nasales ou sur des plaies, les larves se développent et se nourrissent du tissu musculaire adjacent, ravageant le palais, les globes oculaires jusqu'à la mort de l'animal qui finit par se faire entièrement dévorer. Les lucilies ne s'attaquent pas seulement aux batraciens et aux mammifères, mais aussi aux reptiles; une communication récente de Joseph Sladek me dit qu'une Testudo graeca a été également infestée par des larves au niveau du cloaque: l'issue en a été fatale, faute de connaissances de soins à l'époque.
Les lucilies hivernent à l'état larvaire ou nymphal, enterrées à faible profondeur. Très exceptionnellement on peut rencontrer des adultes de Lucilia caesar qui ont pénétré dans les maisons en compagnie d'autres mouches domestiques. Les larves de lucilies sont assez sensibles aux écarts de température et restent actives entre 14 et 29°. Au delà de ces extrêmes, l'animal est inquiet, cesse de se nourrir et cherche à s'enterrer.

Soins d'urgence à prodiguer lorsque l'on trouve un batracien atteint par ce parasite:
Le mettre dans un bac avec du papier humide, au frigo, traiter les plaies infectées avec de la béthadine et de l'invermectin que l'on pourra se procurer chez un vétérinaire.

Lucilia bufonivora sur Bufo bufo Lucilia bufonivora sur Bufo bufo Lucilia bufonivora sur Bufo bufo
Les dégâts provoqués par les larves de Lucilia bufonivora sur un crapaud commun (Bufo bufo),

photos et copyright © G.-D. Guex.
 
Lucilia bufonivora sur Bufo bufo Lucilia bufonivora sur Bufo bufo Lucilia bufonivora sur Bufo bufo
On distingue nettement les oeœufs de Lucilia bufonivora, prêts à éclore,

photos et copyright © G.-D. Guex.
 
Lucilia caesar lucilia sericata BufoLucilia.jpg
Lucilia caesar, Photo Dominique Chambettaz. Lucilia sericata. Lucilia sp. femelles pondant sur un crapaud mort, photo Louis-Philippe Arnhem.
bufonivora7.jpg bufonivora8.jpg bufonivora9.jpg
Sur ces images rares prises en Belgique à Tilly, un petit village à la campagne situé dans le brabant wallon, on distingue nettement les larves de Lucilia bufonivora.

Photos et copyright François Jorion avec mes remerciements.


Référence bibliographique:
puceE. Séguy sur les mouches parasites T.2 de 1941.
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