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La salamandre tachetée observée et photographiée dans son intimité nocturne, dans une hêtraie en Haute-Savoie.


Le 1er octobre 2003, je me suis rendu sur un site de salamandres que je connaissais bien. Il est situé au sud du Mont Salève, près du village de Marny, en Haute-Savoie. C'est une hêtraie vallonnée au fond de laquelle coule un ruisseau d'eau claire: elle ne fait guère plus de 100 mètres avant d'être interrompue par une route. Je n'y étais pas retourné depuis 1990, un bon tiers des arbres avaient été abattus depuis. Il avait plu abondamment toute la matinée, et la soirée était d'une relative douceur (13°), la forêt enveloppée d'une brume dense: après un été particulièrement sec, toutes les conditions étaient réunies pour le succès de cette sortie. Les salamandres n'aiment pas le temps sec, découvert ou venteux.
Sitôt la voiture garée, vers 21 heures, je me mis à remonter le sentier qui traverse ce site entouré de pâturages; étonnamment je n'ai pas entendu de cris de chouettes hulottes, seul le tintement des cloches de vaches perçait le silence de la nuit. Je n'avais pas fait vingt mètres que j'aperçus la première salamandre, dressée majestueusement sur les pattes avant, observant une partie de son territoire à la recherche de ses proies qui sont constituées de vers de terre, limaces, arthropodes et petits insectes. J'ai pu observer dans leurs excréments la présence d'élytres de petits coléoptères qui fourmillent sur le tapis forestier: celui ci est composé de nombreuses feuilles de hêtre, de mousses, de fougères, de ronces, de champignons, de nombreuses pierres, de troncs couchés et de trous de rongeurs où elles trouvent un abri.
En progressant durant ma promenade, j'en observai une trentaine en moins d'une heure, et encore je n'avais exploité que la rive droite du ruisseau! Il est intéressant de noter que malgré la déforestation, la sécheresse, le ravinement important qu'a subi ce site, les animaux étaient nettement plus nombreux qu'il y a dix ans.
J'ai surtout vu des mâles, passablement de jeunes dont quelques femelles, deux femelles adultes et gravides: elles iront certainement déposer leurs larves dans l'eau d'ici peu, ou alors elles pourront attendre le printemps prochain. Le mâle se distingue aisément de la femelle par la base de la queue plus large, un cloaque proéminent. Ce cloaque est plat chez la femelle, sa queue est fine à la base.
Ce qui est magique chez cet amphibien urodèle, c'est sa placidité, son calme olympien, sa nonchalance qui permet de l'observer en toute tranquillité, même à quelques centimètres. Rares sont les individus qui prennent la fuite car ils se savent protégés par leur coloration qui les rend plus difficilement observables, et par la toxicité de leur venin qui est toutefois sans danger pour l'homme lors de manipulations normales.
Les rencontres entre elles, en dehors de l'accouplement, sont rares. Chaque individu possède un territoire et un gîte donné qu'il regagnera en fin de nuit et ce, année après année. Les salamandres se dirigent principalement au flair qui est assez développé, leur permet de reconnaître le sexe opposé, les proies immobiles et leur chemin. Elles sont d'habiles grimpeuses, n'hésitant pas à remonter les berges abruptes des cours d'eau où elles ne se rendent que pour déposer leurs jeunes larves qui sont à l'image de l'adulte, en plus terne, munies de branchies: c'est le seul moment de sa vie que la salamandre passera dans l'eau. Si elle a la malchance d'y tomber, elle risquera fortement de s'y noyer.
Cette sortie fut un moment rare pour moi, me retrouver au milieu de ces animaux, dans le calme de la nuit, pouvoir les observer à ma guise dans leurs mouvements lents, mais quelques fois assez rapides lorsqu'ils se décident à décamper!
Voici en images, le résumé de ce 1er octobre: les photos ont été prises avec un Nikon coolpix 4300 et compressées pour ne pas prendre trop de place, ce qui leur fait perdre de leur qualité. Mais l'émotion est au rendez-vous...
Un conseil: si vous souhaitez faire ce genre de ballade, regardez bien où vous mettez les pieds, elles n'ont pas les moyens de filer comme les lézards et sont tellement discrètes!


salamandre salamandre salamandre
Portrait d'un mâle en chasse.

La surprise n'est pas que pour moi!

Femelle gravide: elle déposera ses larves d'ici quelques jours.

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Jeune de l'an passé.

La salamandre se déplace de façon indolente.

Les rencontres entre elles sont rares, sauf pour l'accouplement.

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Les couleurs du sous-bois.

Elles sont capable de grimper
et de franchir des obstacles.
 
Position d'observation typique, chasse à l'affût?

Unique individu observé le 29.03.05.



Photos Pierre-Yves Vaucher
Jeune mâle.



Voir également la page des salamandres 1, les salamandridés, Salamandra salamandra terrestris.

Observations de Salamandra salamandra fastuosa.

"polymorphisme de la coloration et anomalies digitales chez Salamandra salamandra fastuosa".

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