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Le crapaud commun, Bufo bufo.


Le printemps approche, lentement mais sûrement, et, pour certains, il est pour demain, après-demain; seules la température, l'humidité et la luminosité déclencheront le réveil après 3 à 4 mois de repos hivernal du "monstre" le plus répugnant, le plus empreint de croyances populaires et toujours associé à la sorcellerie: j'ai nommé le crapaud commun, Bufo bufo bufo. Mais, car il y un MAIS, saviez-vous que cet hôte de la terre, des forêts, des jardins, des marécages, des fossés, des étangs, de la plaine comme de la montagne, de la ville (on le trouve dans certains parcs de Genève) comme de la campagne, est tout ce qu'il y a de plus utile pour la protection de vos salades? Allons bon, l'auteur délire; et bien non, car ce "résidu d'extrait d'élixir peu ragoûtant que tout le monde vénère..." joue un rôle capital dans la destruction, la régulation d'invertébrés de toute sorte tels les vers de terre, les limaces, les chenilles, les coléoptères, les fourmis et j'en passe et des meilleurs dont vous ne pourriez imaginer l'existence.
C'est le crapaud le plus grand de France: la femelle peut atteindre 12 cm (voire même 18 cm dans le sud de l'Europe), le mâle atteint tranquillement 8 à 9 cm et est muni de forts avant-bras dont les trois doigts internes sont munis de coussinets rugueux et noirâtres nommés "callosités", en période de reproduction uniquement. On peut également reconnaître celui-ci en le saisissant, il émettra alors quelques coassements alors que la femelle restera muette. La durée de vie de notre "protège salade" peut dépasser 35 ans sauf si, par mégarde, il s'aventurait à avaler une limace empoisonnée, d'où l'importance d'utiliser des méthodes naturelles (soucoupes remplies de bière) pour éliminer les gastéropodes si les dégâts faits au potager sont majeurs. Ses prédateurs naturels sont principalement la couleuvre à collier, le hérisson qui utilise son venin pour enduire ses piquants et certains oiseaux dont la corneille. Un autre facteur qui abrège la vie de ce batracien est la mortalité élevée en temps de migration printanière sur nos routes de campagnes traversant leurs territoires. En effet, dès que les conditions climatiques deviennent favorables pour l'éveil et la reproduction, des milliers de crapauds se déplacent alors vers leur site de ponte qui correspond à leur lieu de naissance en général: ils doivent alors souvent traverser des routes fort fréquentées. Des centaines d'entre eux périront sous les roues d'automobilistes peu soucieux voire ne pouvant faire autrement tellement il y en a. Souvenez-vous, la route n'est pas seulement glissante en cas de pluie, elle est doublement dangereuse en cas de pluie et de présence de batraciens. Heureusement il existe maintenant des "tunnels" de migration d'amphibiens qui sont disposés sous les chaussées traversant des voies de migrations importantes. Après ces considérations asphaltées, revenons à notre crapaud. Les mâles sont tellement pressés de trouver une compagne qu'ils peuvent s'agripper jusqu'à dix sur une femelle qui risquera de périr noyée sous le fardeau. J'ai pu observer le printemps dernier des femelles mortes d'éventration due à la puissance des avant-bras du premier mâle agrippé qui serrait de plus en plus fort alors que d'autres prétendants s'agrippaient à leur tour.
A propos de reproduction, signalons que la femelle est capable de pondre environ 8000 oeufs disposés en double cordons gélatineux accrochés aux plantes aquatiques. Les têtards, qui vivent de manière grégaire, se reconnaissent facilement par leur taille modeste (3cm) et leur couleur noire; ils se rassemblent donc en bande près de la surface et au bord des points d'eau où la température est plus élevée. La plupart d'entre eux périront d'attaques de prédateurs (larves d'insectes aquatiques, tritons, poissons), ou de conditions défavorables (pollution, assèchement) et seul 1% d'entre eux produiront un adulte capable de donner une descendance. Le parcours du combattant est particulièrement sélectif pour l'ensemble des crapauds et des grenouilles.
Les "pluies de crapauds" comme on en parlait jadis tiennent du fait de l'émergence massive de jeunes après des pluies abondantes. Ceux-ci, dès la métamorphose qui a lieu en général fin juin, se réfugient dans de petites anfractuosités du sol ou sous des pierres et des débris végétaux. Ils mèneront alors toute leur vie une existence terrestre (sauf pour la ponte), crépusculaire et nocturne. Le crapaud est casanier, semble connaître très bien son territoire de chasse et revient en principe toujours au même refuge, années après années.
Son aire de répartition couvre l'ensemble de l'Europe et une partie de l'Asie. Dans le sud (Italie et Grèce) il est remplacé par une sous-espèce nettement plus grande, le Bufo bufo spinosus, et au centre de l'Espagne par Bufo bufo gredosicola, pas coca! En altitude, il peut être observé à plus de 2000 mètres, mais son cycle d'activité sera alors fortement réduit du fait de la rudesse du climat. Son chant, sorte de "crou...crou" est discret, perceptible à une trentaine de mètres; le mâle ne possède pas de sacs vocaux. Son venin, car tous les batraciens en possèdent, est sécrété en cas de danger au niveau des glandes parotoïdes disposées derrière la tête et des pores disposés sur la surface du dos (les "pustules"); le crapaud est incapable d'inoculer son venin, il n'est donc actif qu'en cas d'ingestion. Les principes actifs se nomment la bufonine et la bufotaline; ils ont une action neurotoxique, mais la manipulation de l'animal est sans danger pour l'homme. Je rappelle que l'ensemble des batraciens et reptiles de France sont strictement protégés, ainsi que leurs biotopes.


crapaud commun crapaud commun crapaud commun
mâle

mâle

couple

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Couple se rendant au point d'eau
Photo Michèle Pentolini.

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