Du 18 au 27 mai 2008, avec Jean-Paul Bovey et Frank Deschandol, nous nous sommes rendu au Maroc dans la région de Ouarzazate (220 km au sud de Marrakech). L'objectif était
principalement d'observer et photographier la faune, la flore et les paysages avec évidemment un intérêt plus marqué pour l'herpétofaune. Comme nous avions chacun nos spécialités différentes (Jean-Paul les végétaux, Frank les insectes et les oiseaux et moi les reptiles et batraciens)
nous faisions une équipe tout à fait complémentaire. Nous avons toutefois été étonnés par le peu d'espèces "remarquables" rencontrées. Initialement nous devions nous rendre dans l'extrême sud près de la frontière algérienne,
vers les dunes de Mhamid mais vu le temps pour parcourir les distances, nous y avons renoncé. Pour finir, beaucoup de petites espèces de toutes sortes, mais peu de serpents, pas de Naja haje, peu de couleuvres, pas de Macrovipera mauritanica ni de Vipera monticola.
Peu d'espèces aussi au niveau des batraciens: Sclerophys mauritanica, Hyla meridionalis et Rana sp. (saharica) principalement, les trois espèces chantant simultanément vers 16h
à l'Oukaimeden (2600 mètres). Aucune trace d'autres batraciens: Bufotes balearicus boulengeri, Bufotes brongersmai, Discoglossus sp ou Pelobates.
La météo n'a pas été favorable au début: pleine lune, vent du nord, fraîcheur nocturne (10°) et chaleur assez forte le jour (33°) ce qui fait que les serpents ne savaient plus quand sortir !
Les seules vipères à cornes, Cerastes cerastes que nous avons trouvées étaient au milieu de la route vers 22h, lorsque le vent s'était calmé et la température réchauffée.
La très jolie couleuvre Malpolon moilensis a été tuée par ma conduite car je regardais le camion qui
déviait sa route en face, et croyez moi, les poids lourds au Maroc sont très dangereux, même si
l'état des routes principales s'est considérablement amélioré depuis ma dernière visite en 1975.
A l'ouest de Ouarzazate se trouve un petit oued avec une population de Natrix maura intéressante.
Dans les autres oueds peu profonds nous avons pu rencontrer Rana saharica et Mauremys leprosa. Le lac de Ouarzazate est surtout habité, sur ses rives accessibles, de cannettes de bière.
Si vous allez à Skoura, juste 8 km avant, sur la route qui vient de Ouarzazate, vous avez un panneau sur la gauche, en plein virage ... ce panneau vous conduira au bonheur:
chez Talout.
Merci à Talout et Soufiane pour leur accueil chaleureux et leur coeur généreux
... une gentillesse, un spectacle... Maroc, le pays où tout est possible... Bon
je reprends depuis le début... en essayant de mettre en place le puzzle de
souvenirs...
Jour 1, dimanche 18 mai, arrivée à Marrakech à 8h45, accueil, prise
de la voiture, nous visitons ensuite les jardins Majorelle, le
Riad Sammarkand sous le regard chaleureux de sa directrice, Madame Kenza Hamedi , la Medina et Bab Doukkala.
Après quelques heures de visites, nous devons absolument quitter Marrakech,
traverser l'Atlas et nous rendre à Skoura, 40 km à l'est de Ouarzazate, soit 240
km de route. Ce trajet peut être fait en 4 heures, mais c'est sans compter le
regard admiratif de Jean Paul, Frank et moi ... et si on trouve des reptiles ou des plantes, on ne fait que s'arrêter. C'est donc à 19h30 que nous arrivons chez Talout, une chambre d'hôte magique, entre désert de pierre, palmeraie, vue sur l'Atlas enneigé.
Aux jardins Majorelle, juste quelques Mauremys leprosa, notre premier Sclerophys mauritanica et plein de plantes dans un cadre d'exception.
Jour 2, lundi 19 mai. Nous nous levons pour prendre le petit déjeuner
traditionnel sur la terrasse, rencontre avec le bruant, les guêpiers et une
tortue grecque dont la présence dans le patio nous a été indiquée par Soufiane.
Nous prenons rapidement contact avec nos premiers reptiles malgré un vent du
nord frais: Agama impalearis, les difficilement saisissables
Uromastyx, dobs ou fouette queues Uromastyx acanthinura, un Acanthodactylus
boskianus, une Tarentola boehmei, une tortue grecque, Testudo graeca.
Nous comprenons les difficultés pour photographier les uromastyx: ceux-ci, de
livrée magnifique (verte, orange ou jaune vif), sont très craintif et fuient à
une distance comprise entre 30 et 50 mètres. Quand ils sont jeunes, l'opération
est plus ou moins facile car leur terrier auquel ils sont fidèles n'est que peu
étendu et profond. Adultes, leurs galeries peuvent atteindre plusieurs dizaines
de mètres lorsqu'elles ne se joignent pas à celles de gerbilles ou autre
rongeurs. Il a fallu alors creuser tant bien que mal avec les pelles d'armée que
nous avions, les mains, la patience. sous une chaleur parfois de plus de 35°.
Une fois le fond du terrier atteint, il faut encore les déloger car ils
obstruent leur galerie avec leur queue épineuse et s'en servent en la battant de
part et d'autre !
Quant aux Acanthodactyles, il faut juste courir très vite, bondir dessus ou
ruser ... je préfère la dernière solution tellement ils sont rapides!
Des splendides kasbahs décorent cette région de Skoura.
Le terme casbah provient du mot arabe « kasabah » qui signifie « roseau
». Ce matériau était utilisé jadis, pour ses propriétés ergonomiques et
économiques, dans la construction des toitures en tant qu'isolant thermique
(contre la chaleur, le froid et l'humidité). Se substituant au bois, ce matériau
avait connu un usage très large notamment dans les anciennes médinas édifiées
généralement en bordure des fleuves ou des cours d'eau où cette plante abondait,
à tel point que les ruelles des anciennes médinas étaient couvertes par des
toitures en roseau. Actuellement, ce matériau, devenu rare, est remplacé de plus
en plus par des plaques de plastique ondulé qui changent l'esthétique des «
souikas » (ruelles commerciales traditionnelles) des médinas historiques de
Marrakech, Fez, Taroudant, etc.
Par ailleurs, le mot « kasbah » a tendance à s'étendre à toutes sortes
d'habitations historiques maghrébines à tel enseigne qu'on l'applique
aujourd'hui même, à tort, aux « ksours » du sud du Maroc (la celèbre kasbah Aït
Benhadou par exemple) dont l'appellation authentique est « IGHREM » qui signifie
en berbère « logis » ou « habitation ». Quand plusieurs kasbahs forment un
village, cela s'appelle un « ksar ». En général, il abrite des populations
d'origines fort diverses. Plus on va vers le sud, plus ce mode d'habitat est
usuel.
source: wikipedia
Jour 3, mardi 20 mai... après notre petit-déjeuner traditionnel, nous décidons de focaliser notre attention sur les alentours d'un village (Sidi-Flah réputé pour sa
soi-disant "quantité de serpents") près de l'oued Dadès, à 5 km de Skoura. Nous découvrons, tout autour de l'auberge de Talout, la quantité d'Uromastyx qui y vit. Plus loin sur la piste, nous découvrons la difficulté pour les prendre en photo, sans devoir creuser, ce qui est quasiment impossible. Ils semblent débonnaires mais se carapatent dès que la voiture franchit un "seuil de sécurité" d'environ 30 mètres pour les adultes, moins pour les jeunes. Il est seulement possible de trouver des jeunes (~20cm) car leur terrier reste humainement creusable sinon, il s'agit d'un ensemble de galeries dépassant les 50 cm de profondeur et pouvant se subdiviser, comble de la perversion par 35°! Les Uromastyx, quand ils sont jeunes, creusent un petit terrier ... puis ils l'agrandissent au fur et à mesure qu'ils grandissent. Jeunes, ils ont une alimentation au 3/4 végétarienne et opportuniste pour le 1/4 insectivore qu'il reste, mais vu la pauvreté de cet ordre dans le sud marocain, ils reviennent vite à l'alimentation végétarienne. Ils broutent des épineux qui sont dans un rayon de 20 mètres de leur terrier.
Nous poursuivons ensuite nos recherches le long du Dadès pour rencontrer des Rana saharica cplx, et ensuite quelques Sclerophrys mauritanica chantant en pleine journée, vers 16h. L'appétit n'attendant ni l'heure ni la température chez notre valaisan et notre
havrais de service, nous avons pu réussir à trouver quelques boîtes de sardines en plein bled, ce qui a satisfait tout le monde ... la date de péremption était du jour!
En revenant, sans trouver trace de serpents si ce n'est une mue probable de jeune Cerastes cerastes, enfin d'un petit serpent venimeux, nous nous sommes arrêtés près du Dadès pour quelques prélèvements ADN de Rana et, en soulevant les pierres de ci de là, Franky a réussi à trouver une solifuge, Galeodes sp., relativement et même très rapide, elle a juste réussi à se calmer à force de luminosité et chaleur en fin de journée. C'était un petit exemplaire, la suite nous dira comment elle peuvent être, "juste un petit peu plus grandes". Le crépuscule venu, nous sommes rentrés chez Talout, là où tout reste possible, car nous sommes au Maroc, Al Mamlakatu'l-Maghribiya, الله، الوطن، المل, ce qui signifie en français: Dieu, la Patrie, le Roi.
Jour 4, mercredi 21 mai... nous décidons de nous rendre vers les gorges de
l'oued Dadès et, comme à notre habitude, dès que nous "sentons" ou observons que
quelque animal est trouvable, que ce soit par un amas de pierres au bord de la
route, un lézard traversant celle-ci, un biotope qui nous paraît propice, une
pierre qui nous parle plus qu'une autre, et bien nous nous arrêtons, fouinons,
cherchons et parfois trouvons. Au début de cette journée, Jean-Paul nous fait
découvrir une Eusparassus dufouri, une araignée loup qui chasse à vue, de la famille des Sparassidae. En retournant quelques pierres nous trouvons un beau scorpion jaune, Buthus
sp.
Nous poursuivons notre route en remontant l'oued Dadès, la route est bonne, peu
fréquentée. Nous faisons quelques haltes pour admirer la splendeur des paysages
(les vallées verdoyantes sur fond de terre et de roche ocre), des femmes lavant
leur linge dans l'oued, une chouette chevêche (Athene noctua) nous observant depuis
le mur d'une maison, quelques cigognes nichant en haut des minarets. Nous
poursuivons la route menant aux gorges après avoir négocié quelques théières et
arrivons en admirant les formations rocheuses nommées "doigts de singes" : ces
formations rocheuses résultent de l'érosion laissant apparaître la roche dure qui a pris cette forme particulière.
Nous mangeons à l'entrée des gorges, nous trouvons un gros papillon nocturne de la famille des sphingidae, Laothoe austauti, le sphinx du peuplier, nettement plus grand que celui d'Europe centrale. Nous observons furtivement et de loin
un écureuil terrestre, Atlantoxerus getulus.
Il se fait tard, nous rentrons sur Skoura après nous être arrêtés dans le lit d'un oued
asséché afin de rechercher quelques reptiles en fin de journée. Nous ne trouverons que des Acanthodactylus boskianus
et un rat du désert Psammomys obesus.
Le soir, nous roulons quelques heures afin de trouver des serpent traversant la route mais le temps étant frais et venteux,
nous ne verrons et capturerons qu'une jeune vipère à cornes, Cerastes cerastes, nous attrapons aussi à l'épuisette deux Mauremys leprosa vanmeerhaghei aux yeux bleus dans un oued
que nous photographierons le lendemain.
Jour 5, jeudi 22 mai...
nous nous rendons au lac de barrage de Ouarzazate pour photographier les tortues
et la Cerastes, mais le sol étant tellement brûlant qu'elle ne reste pas une
seconde calme, nous décidons de reporter la séance au soir. Les tortues elles
sont à peu près calmes et nous réalisons quelques belles images. Nous tournons
dans le coin autour des points d'eau, il fait une forte chaleur, difficile de faire long, difficile de soulever des pierres. Nous observons un truxale, Acrida mediterranea, sorte de criquet élancé et atypique,
quelques Rana saharica et nous entendons plusieurs tortues d'eau plonger avant même de les avoir vues. J'en profite pour m'encoubler
une seconde fois, mes lacets s'étant accrochés à l'autre
chaussure, la chute est douloureuse. Dans l'après-midi, nous nous dirigeons vers l'ouest de Ouarzazate, photographions de ci de là quelques agames sous l'œil intrigué d'un berger, nous passons notre route
croisant quelques points d'eau où nous retournerons le soir pour tomber tout à fait par hasard sur le lieu de tournage de "Bagdad café", vieille station service entourée de grosses limousines américaines
des années 60. Plus loin encore, un fouette queue orange et noir fait la moue pour sortir de la fente rocheuse dans
laquelle il s'était réfugié; Frank arrive à l'en déloger avec persévérance et l'aide d'un bout de barre à mine!
Sur le retour, nous trouvons un endroit bien dégagé pour photographier la céraste, la lumière est magnifique aussi. Près du KM 17 entre Skoura et Ouarzazate, nous trouvons en soulevant des pierres un seps ocellé, Chalcides ocellatus et deux Eremias à gouttelettes, Mesalina guttulata à la nuit tombante.
Voici deux vidéos (fichiers Quicktime) qui montrent la reptation latérale et le moyen de défense de Cerastes cerastes: elle attaque ou alors frotte ses écailles carénées ce qui
produit un bruit comme un soufflement.
Le soir, nous retournons à cet endroit où il y a plusieurs petits oueds (ouest de Ouarzazate) dans l'espoir de trouver le crapaud vert (Bufotes baelaricus boulengeri). Le concert de Rana saharica et Sclerophrys mauritanica est saisissant et omni présent.
Nous trouvons plusieurs Natrix maura et une grosse galéode sur la route, très rapide et agressive. Sur les 140 km que nous avons parcouru cette nuit, nous avons rencontré une seule
grosse Cerastes sur la route, vers 22h20, en sortant de chez Talout, sur la nationale reliant Skoura à Ouarzazate... Elle n'était pas simple à capturer, exercice amusant que de faire rentrer dans un sac
en toile une vipère de 80 cm à l'aide d'une pince boiteuse et en plein virage, large et avec visibilité mais les camions sont dangereux là-bas...
Jour 6, vendredi 23 mai...
nous quittons l'auberge vers 10h30 comme chaque matin et une bonne surprise nous
attends: un magnifique Uromastyx jaune vif sur un tas de cailloux (dans le coin il y a partout des tas de cailloux qui servent à délimiter les propriétés); nous nous précipitons Frank et moi et ne tardons pas
à nous saisir du beau mâle qui, par chance, n'avait pas de terrier à portée. Donc une fois extrait, nous le plaçons dans un environnement plat, sans pierres ni terrier à environ 50 mètres de son tas de cailloux. La séance
photo peux...enfin aurait pu commencer car notre gaillard a pris la poudre d'escampette direction son refuge, et il y avait la voiture entre deux: quoi de plus sécurisant qu'une jante de voiture pour se mettre à l'abri!
Ah la vache comme dirait Jean-Paul !! Et comme il s'était coincé entre la jante et les freins, qu'il fouettait avec sa queue épineuse, et bien nous avons été quitte de démonter la roue... et de le sortir sans mal.
Une fois la mécanique remise en place, la vraie séance a pu commencer, le gaillard était
suffisamment scotché par notre audace qu'il a préféré rester calme et retrouver son refuge dix minutes plus tard...
Nous décidons d'aller à Ouarzazate faire un peu de shopping, une fois n'est pas coutume. Sur les routes marocaines, même si elles sont généralement bonnes, une grande prudence doit être accordée
vis à vis des camions, cars et autres poids lourds qui roulent comme des malades et c'est ce qui nous est arrivé... je regardais un camion qui arrivait de face, qui se déportait un peu vers nous (voiture
de location sans air bag, petit modèle) et tout à coup Frank me crie dans les oreilles "un serpent, un serpent!!" et moi "mais où ??" .. trop tard, il était passé sous mes roues, c'est la première fois que
j'en écrase un ... une très belle couleuvre de Moila, Malpolon moilensis, dont la particularité est d'écarter ses côtes à la manière du cobra afin de dissuader ses ennemis. Nous avons donc
malheureusement photographié une couleuvre fraîchement tuée. La fin de la journée sera consacrée à la séance photo de la solifuge, de la grosse
cérastes et de la couleuvre vipérine sous l'œil goguenard d'un marocain
se demandant ce que ces trois hurluberlus pouvaient bricoler avec un serpent dangereux! La solifuge est assez rapide mais se calme vite sous le soleil: nous l'examinons avec des gants de soudeurs (coefficient de pénétration 3) et nous sentons le pincement fort de ses
mandibules.
Le dessous de l'abdomen révèle des sortes de capteurs sensibles aux vibrations qui la mettent immédiatement en alerte et prête à bondir sur ses proies (insectes, reptiles, mammifères de petite taille)
qui sont saisis à l'aide des pattes avant qui fonctionnent à la manière du velcro. La proie est disséquée vivante...
Jour 7, samedi 24 mai... nous partons définitivement de Skoura, nous faisons nos adieux à Soufiane et Talout. Nous pensons arriver en début d'après-midi de l'autre côté de l'Atlas et nous arrêter à l'Oukaimeden afin de chercher
Vipera monticola; c'est mal nous connaître car nous nous sommes tellement arrêtés que nous sommes arrivés vers 19h à Marrakech!
En passant un col dans l'Atlas, nous nous sommes arrêtés chez Hassan Fou, sympathique restaurant d'altitude derrière lequel nous avons découvert un champ d'orchis, Dactylorhiza elata, splendide
tapis mauve dans un endroit très humide. Partout autour et sous quasiment chaque pierre nous découvrons des dizaines de scorpions jaunes, Buthus lienhardi qui ne cherchent qu'à se remettre à l'abri.
Plus loin sur la route et lors d'une halte, nous observons la végétation en coussinets, Hormatophylla spinosa et quelques acanthodactyles communs, Acanthodactylus erythrurus belli.
Les paysages de vallées verdoyantes, ornées de pins, de feuillus, de champs fleuris de coquelicots, de lauriers roses, baignés d'une lumière de fin de journée nous embaument le coeur; nous les quittons à regret pour arriver
dans la plaine aride entourant Marrakech.
Jours 8 & 9, dimanche 25 et lundi 26 mai... nous prenons la route pour l'Oukaimeden, station de ski située à environ 70 km au sud de Marrakech à 2700 mètres d'altitude. Le trajet est long, il fait
frais et brumeux dès que nous sommes dans l'Atlas, il y a par moments du crachin et un brouillard à couper au couteau. Lorsque nous arrivons à la station, quasi déserte à cette saison, nous avons droit
à un peu de soleil, qui suffit à réchauffer très vite l'atmosphère. Un lac de barrage, peu profond et dont l'eau doit avoisiner les 25° (!!) héberge quantité de Rana sp., Hyla meridionalis et
Sclerophrys mauritanica qui chantent de concert en plein jour, silence dans la salle, volume, extase!!! A noter que les Sclerophrys mauritanica sont bien plus gros (le
double) à cette altitude que les individus de plaine rencontrés
les jours précédents.
Sitôt garés, nous commençons à soulever toute la caillasse environnante: je n'ai jamais trouvé autant de scorpions et de plus à une telle altitude! Puis se suivent de découverte en découverte: le lézard
ocellé de l'Atlas, Timon tangitanus, des couleuvres vipérines, Natrix maura, une coronelle girondine, Coronella girondica, un petit seps à queue rouge, Chalcides montanus, des geckos
à paupières épineuses, Quedenfeldtia trachyblepharus, de nombreux papillons, coléoptères, orchis, les batraciens précités dont d'énormes femelles de Rana sp. entièrement vertes et isolées des mâles chantant.
Cette région et cette altitude est donc riche en faune et flore, bien plus qu'à 1400 mètres près de Ouarzazate. La pollution du lac (égoûts des restaurants, déchets) semble être bien supportée par les batraciens.
Au dessus du lac, à environ 100 mètres commence la végétation en coussinets. C'est dans ce biotope que nous chercherons en vain Vipera monticola deux jours de suite. La météo capricieuse
ne nous aura pas aidé, le fond de l'air restant très frais, souvent inférieur à 10°. Des bergers nous ont signalés que de nombreux serpents se chauffaient sur les pierres mais en juillet et août.
J'y retournerai en août, ça tombe bien.
Notre séjour se clôturera par la rencontre nocturne à l'entrée de Marrakech
(quartier de la Palmeraie), de la très agressive mais belle couleuvre fer à cheval, Hemorrhois hippocrepis, assez capricieuse pour la pose photographique et mordant
Frank tant qu'elle pouvait !!!
Voir également:
Vipera monticola, faune de l'Oukaimeden et Imlil. (août 2008)
faune d'Agadir. (septembre 2008)
faune de l'Ourika. (avril 2009)
Merci à Jean-Paul et à Frank de m'avoir suivi dans ce voyage inoubliable
et de m'avoir supporté! Nous avons surtout passé des moments extraordinaires, nous y retournons quand vous le voulez...